Arhitectura, 1982 (Anul 30, nr. 1-6)

1982 / nr. 1

l'entier groupe résidentiel, en dépit de la diversité des objets qui semblent avoir été dessinés par diffé­rents auteurs. Au sein d’un lotissement partiellement alterné (couvrant les anciennes rues « P », « Q » et « R »), les volumes s’articulent par des jeux sur les plans horizontaux et verticaux (justifiés par le programme) de nature à annuler la monotonie de l’alignement, animant la silhouette de l’ensemble. Le problème concer­nant la cohésion de l’espace construit (réflexe d’une certaine réalité sociale) a encore été reprise dans le cas d’objets isolés. C’est notamment le cas des immeubles de la rue Armenească (1934) ou du Boulevard Dacia (1935), où le traitement des volumes assure la continuité naturelle du front de rue, tandis que le mo­delage discret des façades fait ressortier le souci à l’égard de l’entier déploiement de l’espace urbain. Ce point de vue, ne se limitant pas seulement à une inscription mécanique sur l’alignement et les régimes de hauteur, est connu depuis l’époque de la Renaissance et du style baroque (Strada Nuova à Gènes, le règle­ment proposé par Nils Eigtved pour la Frederikstaden à Copenhague) mais repris aux siècles suivants (ainsi le déploiement typique demandé par le baron Haussmann pour certains boulevards parisiens, les construc­tions datant du courant nommé «City Beautiful» aux Etats-Unis, etc.). Considérer les objets par le fait de leur appartenance à l’ensemble s’allie dans les ouvrages réalisés par le professeur OCTAV DOICESCU à la reconnaissance du rôle dévolu dans la construction urbaine à l’aménagement des espaces libres (négatifs) en relation dialectique avec les espaces construits (positifs). A partir de l’un de ses premiers accomplissements (notamment, le restaurant de la forêt de Băneasa — 1930) et jusqu’aux derniers (ensemble de l’Institut polytechnique et siège politico-administratif du département de Caraş-Severin à Reşitza — 1976), ressort clairement l’attention accordée à l’environnement des bâtiments, au raccord de l’implantation au réseau des espaces publics par des axes compositionnels ou des volumes ayant le rôle d’articulation. Les ouvertures en perspective pointées sur l’horizon en une chute douce et continue (telle que celle proche de la maison de Bîlceşti-Muscel, 1947) ou limitée et interrompue sur le plan hori­zontal par des aménagements locaux (tel le cas de la Maison de repos de Snagov, 1930), semblent faire partie du répertoire formel élaboré par Emile Boitreaud. Toutefois, le professeur OCTAV DOICESCU n’a jamais eu recours à des perspectives forcées qui soumettent l’œil à un exercice fatigant et ni à des perspectives monumentales, dépassant les patrons de la tradition roumaine du bâtiment. Même alors que le programme semblait devoir imposer une telle solution (Théâtre d’Opéra et de Ballet, 1953, Rectorat de l’Institut Polytechnique, etc.), il gardait la mesure même que Virgil Cândea attribue aux édifices élevés par Etienne le Grand et Constantin Brâncoveanu. D’autres fois (tel est le cas de l’immeuble du Ministère de la Propagande, à ce jour siège du C.C. de l’U.T.C., 1934), le refus des solutions grandioses ne se manifestait pas seulement dans l’implantation par rapport à la rue, mais surtout par le traitement de l’accès: la continuation du niveau de la rue sous les basses arcades du corps d’entrée contrastent d’une manière cohérente avec l’ampleur et le traitement de l’étage. C’est dans le même esprit que sont résolus les immeubles d’angle où le marquage insistant caracté­risant la bâtisse à appartements de la rue Saligny (1934) cède graduellement la place à des formules toutes en nuances, tel l’immeuble de la rue Stirbey Vodă (où les axes du volume sont sensiblement déviés par rapport au tracé de la rue, 1941) ou l’immeuble à étages de la Calea Dorobanţilor (1935), qui comporte des solutions particulières au rez-de-chaussée et à la corniche. Le problème de l’angle était atteint et appro­fondi dans le cas d’immeubles ayant un programme special, ainsi que l’édifice à bureaux de la Société Banloc (siège, actuellement, de I.C.P.M.) sur la Calea Victoriei (1946), mais principalement dans son dernier ouvrage, notamment le siège politico-administratif départemental de Reşitza. Ici, le rôle visant à centrer la perspective, à marquer et compartimenter visuellement, recherchant la subordination spatiale, résulte d’une façon convaincante du mode d’emploi de l’emplacement et de l’organi­sation volumétrique de l’objet. Certes, ces observations sont, pour une bonne part, de facture esthétique, mais cela ne signifie pas qu’elles ne soient incluses dans la discipline de l’urbanisme. Parce que, remarquait le professeur OCTAV DOICESCU dans le premier volume de «SIMETRIA» (automne 1939), «La seule qualité durable dans l’existence des agglomérations humaines en est l’élément esthétique . . . qui différencie, en der­nière instance, la construction de l’architecture», l’architecture comprise dans l’esprit de Le Corbusier, comme un jeu savant des volumes dans la lumière. C’est là une manière de penser typique, européenne, plus précisément, un point de vue caractéristique du monde méditerranéen où la civilisation roumaine a puisé maintes de ses sources. « Nous devons songer aussi à notre culture, à notre région géographique et cultu­relle au sein de laquelle nous vivons en tant qu’hommes, et où, lorsque j’en ai eu le loisir et les moyens nécessaires, je me suis senti à l’aise et j’ai effectué avec plaisir des constructions belles et pleines de verve», déclarait-il dans l’article intitulé «L’Homme et la ville», ajoutant au cours d’une séance plénière de l’Union des architectes qu'« il est nécessaire que nous trouvions un nouveau moule pour les villes, à la mesure des permanences humaines et des états de chose actuels, de même que l’ancien monde méditerranéen nous a préparée une évolution urbaine harmonieuse, presque trois millénaires durant». Paraschiva lubu, architecte •« LA VERTU D’ÊTRE NOUS-MÊMES» (page 11). ENSEIGNEMENT-RECHERCHE • PROJETS • ETUDES ENTRETIEN AVEC LE PR DR ARCHITECTE CORNEL DUMITRESCUI, RECTEUR DE L’INSTITUT D’ARCHI­TECTURE «ION MINCU », interview prise par l’architecte Ileana Murgescu. (page 15). Il est vrai qu'en 1982, l’école d’architecture accomplit 84 ans d’existence. Les plus de 4000 architectes rou­mains formés durant cette période, ont fourni et fournissent une contribution de valeur au processus d’édi­fication de la Roumanie moderne et au vaste programme de développement de l’époque contemporaine. Le désir de fonder une école roumaine d’architecture, manifesté au cours des dernières décennies du siècle dernier, s’est matérialisé en 1898 par la transformation d’une école de la communauté des architectes en un enseignement d’état. C’est ainsi que naquit l’enseignement supérieur de l’architecture en Roumanie. Il bénéficia du concours de prestigiquex maîtres et professionnels parmi lesquels on compta Ion Mincu, Petre Antonescu, Ermil Pangratti, Nicolae Ghika-Budeşti. Tous étaient animés par un fort sentiment patriotique, par le désir de trouver une voie propre à notre architecture aussi bien par ce qu’ils édifièrent que par la formation donnée aux nouvelles générations de professionnels. Pendant les années 1930 — 1948, l’enseignement de l’architecture fit partie de l’Institut polytechnique, tandis qu’au cours de la période allant de 1949 à 1952, il fut donné auprès de l'Institut des constructions. A 2

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