Le Moment, Janvier 1936 (Année 4, no. 262-285)

1936-01-01 / no. 262

BUCAREST, 4m‘ ANNEE - N* 252 , Vz** posinüjpajiêe etîrecfemenfj c&nfarmcmsni à Pappe*»* — — ........ m i hátion No. 24?.S92J193S des P. T. T-8 P AGIS 8 lilc DIRECTION, REDACTION 15, Ru© ßrezeiemu ibmihistrjtioh, publicité, imprimera A rue Aristide Demetriade Téléphone! - Direction 4.25.34'|t Rédaction : 3.10.40 X*«,.. Administration et Imprimerie: 4.36.61 Adr. télégr. Moment Bucarest Directeur : ALFRED HEFTERLe Moment Journal de Bucarest Quotidien illustré d lntormations Politiques, Economiques et Sociales SUR DE m C’est de l’Orient que nous est venu le chris­tianisme dont les chré­tiens viennent de fêter Ma naissance. C’est de l’Orient que pourrait nous venir, un jour, ce risque mortel qu’on a nommé le Péril jaune. Les leurs s’affrontent aujourd’hui cou­en Ethiopie: noir contre blanc. Le jaune, dit-on, n’y reste pas indif­férent. L’homme du soleil levant a les regards tournés vers l’ouest, où le soleil se couche. S’il se met en marche, on sait où il se diri­gera. Pour le moment, l’homme jeune vraiment inquiétant, ce n’est que le Japonais. Le Japonais viole la Chine bien plus que l’Italie ne vio­le l’Ethiopie. Et le Japonais a dé­claré naguère, donnant un coup de poing sur la table: „Nous nous opposons à toute tentative de la part de la Chine de l’influence d’un pays profiter de quelconque pour résister au Japon”. La tra­duction n’est pas fameuse; mais l’idée est parfaitement claire. Le Japon nous exclut des affaires d’Asie en attendant de régler nos propres affaires. M. Marc Chadourne qui, dans son dernier livre de voyageur Extrême Orient rapporte cette bravade, s’étonne que le ton com­minatoire en ait si peu ému la Chine et les puissances. Mais les puissances ont d’autres soucis et quant à la Chine, hélas, ce n’est plus, paraît-il, qu’une vieille sages­se qui se corrompt. La vieille sagesse selon Confu­cius et qui a produit, avec une mo­rale si haute un art si élevé, les dépouilles les plus belles en sont actuellement à Londres, dans cet­te glorieuse exposition de l’Art chi­nois que je viens de parcourir en wofanerè la ,.Royal Academy’ et a&i' —u.,; pvwm U. Île impression inoubliable. Tant que la Chine n’aura été pour nous que cette terre de mi sère farcie de vieux bronzes éton­nants, point, d’inquiétude, et to t prolit pour la brocante internai io­­iiale qui trouva une si p •vie!' : auxiliaire dans l’expédition intet-. nati m-’i. de 19ÜÜ. Mais. d"’' V“T ; g.rn.y - • -*»*> um. passe, et voici que M. Marc Chadourne a décou­vert là-bas d’étranges mandarins. L’un d’eux le professeur Hou-Sln. doyen de la Faculté, philosophe et historien éminent, aussi influent sur la jeunesse chinoise qu’estimé de l’élite étrangère, ne lui a-t-il pas déc laré que „la pseudo supé­riorité spirituelle de l’Orient sur l’Occident n’est qu’un vieux mythe, que la civilisation d’un pays ne se fonde point sur des rêves de bon­ze, mais sur le progrès mécani­que”, et qu’il y a plus de spiritua­lité dans une dynamo que dans la pensée de la vieille mendiante qui marmonne en mourrant une priè­re à Bouddha? Voilà qui peut faire plaisir à M. Henri Mas-is sans, néanmoins, le rassurer. Car il est bien plus in­quiétant, tout compte fait, de voir cet Orient recourir à nos folies, que de voir notre Occident s’inspi­rer de sa vieille sagesse. M. Henri Massis craint que notre esprit la­tin n’aille se dissoudre dans cette sagesse: qu’il en craigne mainte­nant, pour ses arrière petits fils, la destruction! Mais nous n’en sommes pas en­core là, et le communisme chinois de M. Hou-Shi a du chemin à fai­re pour nous joindre. Il nous faut néanmoins prêter attention à ce qui se passe là-bas — un là-bas qui nous parut jadis très loin et qui s’est singulièrement rapproché. M, Marc Chadourne observe que tel général japonais n’y parle que de chrysanthèmes et d'érables, mais que le général n’en est pas moins l’un des ouvriers de la formidable offensive menée sur l’Asie en at­tendant qu’elle le soit sur l’Euro­pe. Et c’est, dit-il, un phénomène ahurissant. Quant à la Chine, „un grand et vieux peuple, celui peut-être qui, par la qualité humaine, la culture, les arts, la philosophie, a donné le plus de sens au mot civilisation”, la. Chine où le Japon se comporte déjà en nation occidentale, c’ost­­à-dire en conquérant, la Chine, à son tour, ne sera-t-elle pas quelque jour occidentale et conquérante? Le beau livre de M. Marc Chadour­ne pose la question qui est assez angoissante pour tous ceux dont l’esprit ne s’arrête pas à l’immé­diat lendemain. Mais nous ne voudrions pas fai­­ïe croire que ce livre, si vivant, n’est qu’une froide étude politique, l’expression pessimiste de quelque sombre prophétie. C’est avant tout un récit de voyage, d’une bel­le qualité descriptive dont le trait et la couleur sont d’ailleurs fami­liers aux nombreux lecteurs de M. Marc Chadourne. Peintre et poète, celui-ci veut d’abord nous char­mer; mais allant au fond des cho-Noël Sabord (Suite en page 5.) La Boîte aux Lettres Le 30 décembre Le pudding de Noël, suivant une vieille tradition anglaise, a présen­té cette année comme surprise, M. Anthony Eden, ministre des Aifai­­res Etrangères de l’Empire Britan­nique. J’ai connu à Genève, assez bien, le beau Anthony, lorsqu’il navi­guait avec élégance entre Sir John Simon et M. MacDonald. Un collaborateur du „Moment", l’inénnarahle docteur Dell, faisant les présentations, disait: „Je ne suis pas vieux, j’ai à peine soixan­te-dix ans, je suis persuadé que ce jeune et charmant sous-secrétaire d’Etat fera une carrière plus bril­lante que Disraeli lui-même. Il a pour cela tout ce qu’il lui faut: il porte admirablement bien ses cos­tumes; il a des traits à faire envie aux jeunes stars de Cinéma; il a fait la guerre avec autant de cou­rage que de discrétion ; il est un père de famille exemplaire ; il est conservateur, et comme tout angli­can qui respecte son peuple, avide de la bible, des psaumes et des ho­mélies, il lui a offert un nouveau tabernacle, le tabernacle de la S. M. Eden he Jarle }>as beaftjigp. Il préfère sourire de ses plus bel­les dents, et pour éviter les' com­pliments \qui, entre Anglais, tour­nent souvent à l'humour, il met - tmc -gravite'de le -des lunettes d e­­•aï' lie cachet son visage de ]c., :e premier. ... . M ven usant 1 histoire de son peuple, s’est rendu compte que d’après Cromwell, les très grandes formules politiques, pour avoir prise dans la masse, doivent tou­cher à la réligion ou tout au moins à l’église. On se souvient encore en Angleterre, de la magie exercée par le cri de ,,/Vo Popery" et du grand succès obtenu sous le même signe par Disraeli. Le pays de l’armée du Salut, où le prédicateur prêche à n importe quelle heure du jour ou de la nuit, en plein vent, dans Hyde Park, où les vieilles dames, dans des clubs vétustes, propagent les rites des plus invraisemblables confessions, où on maintient avec gravité le res­pect intégral des perruques, où la pipe et le golf sont devenus, à force de traditions, de très puissantes institutions nationales, ón ne bla­gue pas avec des choses sérieuses, car même les blagues sont sérieu­ses. Le jour où le peuple, et surtout les dames, se-sont emparé de la „League”, où l’institution gene­voise a gagné la faveur de la petite et de la moyenne bourgeoisie, son prestige était celui d’une annexe de l’Eglise officielle. M. Anthony Eden a compris vite et bien qu'il pourrait devenir le grand prêtre de cette nouvelle E- glise Anglicane. Tout le monde sait aujourd’hui que dans la belle maison d’Antho­ny, le jeune ministre, ayant tous les avantages d’un Erűmmel, aussi toutes les responsabilités d’un a prêtre. Entre les murs crème et rose où se trouve la collection d’a­quarelles de. son grand père et de son père, et ses propres tableaux, de temps à autre, arrivent de nom­breuses délégations de la province. Venues pour apporter les messa­ges des innombrables associations d’amis de la S. D. N., les représen­tants de ces dix millions de fanati­ques acclament chez lui la „spirit of Genève". M. Anthony Eden, habitué à vivre entre les héros de Proust, et à goûter le raffinement français à travers Verlaine et Rimbaud, quit­te les appartements dans l’atmos­phère desquels s’irisent les cou­leurs de Cézanne, met ses lunettes de pasteur, serre la bible sous son bras et parle à ses contemporains de tous âges et de toutes classes sociales du commandement du Dieu" qui a voulu qu’en défendant la S. D. N., l’Angleterre se défen­Des filons de quartz aurifère existent en de nombreux points de la colonie, notamment dans la pro­vince de l’Harmazien, dont le chef de elle-même, aveuglément, âpre­­ment, tel un archange de la paix". Il sait très bien que le peuple an­glais connaît le passé de sa famille et que pendant la guerre, son frère fut tué en 1915, alors qu’un autre de ses frères fut prisonnier au Jut­land, tandis que le cadet périt en mer. Avec un tel bagage, on peut être à la fois Gladstone et Disraëli, on peut aspirer à conduire le parti conservateur et par lui les desti­nées de l’empire, sans avoir besoin d’encombrer sa personnalité de trop d'intelligence qui complique le jugement, et de trop de talent qui obscurcit souvent la pensée. Anthony Eden prouve, encore une fois, que la plus grande subti­lité des Anglo-Saxons est de reste­­simples et que la plus grande force de l’Empire est de croire toujours que l’intérêt de l’Angleterre n’es; autre que celui de Dieu lui-même. Alfred Hefter LES TRACES CONFUCIUS Les trésorsethioiiiens ne sont pas une légende mais il faut se donner la peine de creuser... (B@ notre correspondant permanent en Erythrée) ASMARA, décembre 1935 « Un trésor est caché dedans, je ne sais pas l’endroit, mais un peu de courage vous le fera trouver» Le conseil du bon laboureur à ses enfants, on le donne depuis fort longtemps et pas au figuré, à bien des gens et dans toutes les colonies des cinq parties du monde vers lesquelles sont partis des au­dacieux „pour aller conquérir le fabuleux métal que Cipango mûrit en ses mines lointaines. Un trésor est caché dedans. Qu’y a-t-il dans le sol de cet extraordi­naire pays, que la primitive char­rue de paysans arriérés entame à peine? Que peut-on trouver dans ces ronces épineuses dont s’acco­­mode le palais et les fortes mâchoi­res de ruminants à la vérité bien maigres? Qu’y a-t-il d’exact dans les récits, des chercheurs obstinés qui, ayant trouvé quelques élé­ments, concluent à de magnifiques espérances? En pareille affaire, il faut si l’on veut être éclairé — n’allez pas at­tribuer à cette expression aucun sens douteux — s’adresser à des compétences reconnues, garanties sur parchemin. Cet ingénieur qui durant quatorze années a prospecté et la possession italienne et l’em­pire du Négus, connaît à fond le problème, s’il ne l’a pas entière­ment résolu. En Erythrée d’abord „II y a des annés et des années qu’il est question des richesses minières de l'Abyssinie et, citantle com­te Ludwig Huyn et l’explo­rateur Prorok on nous cer­tifie que le sous sol dans des régions fort éloignées les unes des autres con­tiennent de véritables for­tunes. Pourquoi donc, dans le moyen pays encore inexploré n'y en aurait-il pas lieu est tout bonnement Asmara. C’est-à-dire à peu de distance du plus grand centre, de la seule vraie grande ville. Sur une distance d’en­viron 45 kilomètres, des travaux ont été entrepris, puis abandon­nés un peu faute de main d’oeuvre et d’autres occupations aussi sol­licitant l’attention de l’administra­tion. C’est dans la direction ouest, vers Chéren, Barentu et en redes­cendant vers la fleuve Setit, que l’on trouve ces gisements. Seize mines étaient en exploitation qui ont été récemment ouvertes de nou­veau. Leur rendement était de 15 à 20 kilogs d’or par mois. Rabattons nous vers des mine­rais moins orgueilleux mais égale­ment précieux. Toujours dans la zone Hamazien : du fer, du manga­nèse. Dans la Dancalie septentrio­nale du plomb; dans le voisinage de Massaoua, massif du Gbedden du mica blanc cr. de. j.uoyenne gra pur. Des recherches continues ont été tout récemment entreprises dans ces diverses régions. Une au­tre richesse immense et qui, si elle eut été mise en valeur plus tôt au­rait évité de grandes dépenses est celle des eaux thermales parfaite­ment buvables, dont de nombreuses sources existent dans la basse plai­ne orientale. Certaines sourdent à 60 degrés et sont très radioactives. La source de Haïlet est d’ailleurs connue depuis longtemps des indi­gènes qui viennent y soigner leurs rhumatismes. Celles de Nebit et Ali Hassa également. Leur exploi­tation avant la période actuelle au­rait été évidemment déficitaire... même s’il eut été possible d’y ad­joindre un casino avec une roulette et dancing. En Abyssinie Il y a des années et des années qu’il est question des richesses mi­nières de l’Abyssinie et, citant le comte Ludwig Huyn et l’explora­teur Prorok on nous certifie que le sous-sol dans des régions fort é­­loignées les unes des autres con­tiennent de véritables fortunes. Pourquoi donc, dans le moyen pays encore inexploré n’y en aurait-il pas? L’ingénieur allemand Ludwig Huyn a établi que les pentes ro­cheuses sur lesquelles est bâtie An­­totto, ex-résidence de Menetiek, re­celant en certains points 75% de manganèse. L’archéologue Prorok qui recherchait les traces de l’anti­que voie qui réunissait jadis le Sou­dan et l’Ethiopie a réussi à trou­ver dans le pays traversé par cette route vieille de 3.000 ans des gise­ments aurifères, dont une mine qui aurait été exploitée à l’époque des Pharaons. Les indigènes d’ailleurs tiraient du quartz et du sable des cours d’eau des parcelles d’or en petite quantité, clandestinement, pour ne pas être spoliés par les chefs de province. Avançant dans l’intérieur de la Province de Boni ScianguI, l’expédition Prorok observé de nombreuses cavernes a creusées dans le roc. Il s’agissait d’anciennes mines d’une époque in­certaine, anciennes mines d’or, pla­cées aujourd’hui en dehors de tou­te communication, oubliées et l’ar­chéologue croit être voisines de la cité de Ophir dont a parlé Héro­dote. Si un jour la carte géographique de l’Ethiopie est établie selon les données exactes de la science mo­derne on s’appercevra que jus­qu’ici l’exacte nature du sol était totalement ignorée. A l’Est du Nil Bleu, on doit trou­ver du micca en quantité impor­tante. Des gisements de cuivre dans sieur districts en Ciogan. Dans l’Ogaden, du micca en très larges feuilles. Une tentative d’exploita­tion a été abandonnée, car la con­struction très onéreuse d’un ac­­queduc était nécessaire et les con­cessions abyssines n’offraient pas une garantie suffisante. Enfin dans le Tigré des gisements de plomb et de fer très importants sont con­nus et encore sans valeur. Louis Girard ' (Suite en pape 2) 1EDN 1PÍA<GME S : -1-4 K M O M E IV X" ILLUSTRÉ Le général Mariaux remet un drapeau à la Fédération Nationale des Poilus de l’Armée d’Italie MERCREDI I JANVIER 1936 Utilisez la plus moderne imprimerie de Bucarest Peur vos travaux : TM BROCHURES JOURNAUX R EVUES PROSPECTUS «Le Moment» possède un outil­lage de tout premier ordre Propos de Paris et d’ailleurs LE MENSONGE, ROI DIVIN DU CINEMA A la Renaissance, le monde du cinéma est bien servi. Dans Notre Dame des Songes, M. Simon Gan­­tillon lui dit avec verdeur son fait. Stars, managers, metteurs en scè­ne, faiseurs de beauté, entrepre­neurs de gloire, fabricants de faux, organisateurs du mensonge de l’i­mage, ils sont là tous, et chacun en prend pour son grade. Satire, dit l’un. Tableau véridi­que, fait l’autre. Disons que c’est un croquis un peu poussé, un cro­quis à la Forain, une eau-forte où il arrive que la goutte d’acide glis­se sur la chair. Comment on de­vient star, comment on se fabrique un visage ou une poitrine, com­ment on bluffe la foule des deux mondes, comment on dupe les trente millions de badauds du ci­néma (l’auteur les a comptés) comment on pipe le destin, M. Si­mon Gantillon sait tous les secrets, et ne les garde pas pour lui. C’est de la belle ouvrage, bien troussée et très ir ré vér ente. Là dessus, les tenants de l’écran montrent leur humeur. Un criti­que, pourtant connu pour la fines­se de son esprit et sa malice, feint l’innocence: „Vous en pourriez di­re autant, fait-il, des gens de théâ­tre, et sur eux retombent toutes les sévérités dont vous accablez le cinéma”. Il est quelques maniaques qui voient rouge quand, à propos de l’un, on évoque l’autre. Je suis l’un d’eux. Je regarde théâtre et ciné­ma comme des parents très éloi­gnés, dont les chemins divergent, et qu’une erreur trop répandue prétend parquer dans le même en­clos. Que vient faire le théâtre en cette occasion? Quand l’a-t-on vu s’acharner à falsifier un être hu­main dans sa personne physique, 'SOULS U.ïlC L VErXHli 10 cl S ccit à G 1P y,­der de tout ce qui ne concourt pas à des fins connues du seul thau­maturge, le soumettre .à une force­­rie sans nom, comme on nous montre une Franza Herder, star universelle, sortant douloureuse­ment de la chrysalide d’une Fran­çoise Dupont, provinciale et man­nequin? Et quel rapport entre le metteur en scène de la Renaissan­ce qui prend le généreux visage et la voix cordiale de Mme Cora La­­parcerie et le trop véridique tor­tionnaire qui, fouillant et fouail­­lant son interprète éperdue, ouvre pêle-même le flot des larmes' de ses yeux et du sang de son coeur. L’idéal du théâtre est de vérité. Il perd tout son sens, s’il cesse de tendre vers le vrai. Le factice y est limité, la convention ostensible. Mme Segond-Weber ne cherche point à faire accroire qu’elle est Agrippine ni Mounet-Sully qu’il est Oedipe. Le Cinéma, lui n'est qu'ar­­tifice et mensonge. Hormis les bel­les et souvent pathétiques images de la vie que de lointains voyageurs rapportent des confins de la terre ou qu’un Jean Painlevé patiem­ment et amoureusement, va capter dans le secret des mondes incon­nus, hormis ces témoignages au­thentiques que les augures appel­lent dédaigneusement des „docu­mentaires”, et qu’ils méprisent pour la seule raison qu’ils sont de la vé­rité, le cinéma se pavane dans le faux. Vous ne pouvez rien croire de ce qu’il vous montre. S’il y de l’art en lui, c’est l’art diaboli­a que de la tromperie. Pour Dieu, qu’il ne songe point à s’en défendre! Quand il se sera enfin décidé à prendre conscience de son destin, c’est par là qu’il at­teindra à la grandeur et deviendra un art tout court. Quand com­prendra-t-il qu’il est fait pour la fiction et pour le rêve, que le fan­tastique est son domaine, que sa belle fonction est de chevaucher la chimère et de donner une forme aux imaginations des hommes ? Ainsi sortira-t-il de l’absurde pour entrer, par la voie du divin men­songe, dans la vérité éternelle. Ain­si parlera-t-il le sublime langage '• des âmes, inaccessible aux moyens limités du théâtre, qu’asservit ’ réel. Ainsi s’apercevra-t-on enfin la scène et l'écran ont chacy - rôle, chacun leur digni takers c’est ravaler l’un que d&y,jcrlt; ser humblement dans. ’ cona­­de l’autre. Alors, s’il- mais M. Simon Gantillon® cTes. , n an*'-' ' poser une piece su -ce ne sera plus Songe s. /ßiQ®5,Bourdon

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