Le Moment, Juiliet 1937 (Année 5, no. 707-733)

1937-07-01 / no. 707

àTIMNIf* <& T mit pattal* papea t­traetem ans, eamfarmem r.ppraíastaa Ha. 247.592| 1955 r­ra P. T. T. BUCAREST 4” ANNEE - N* 707 BUCAREST U, rue Brezoianu Rédaction, Administration Tél. 8.10.40 Direction Téléphone: 4.25.34 8 Pages 3 U> Imprimerie et Ateliers de Photogra» vure „LE MOMENT” 2, rue Arist. Demetriade. Tél. 4.56.61 Directeur t ALFRED HEFTERLe Moment Journal de Bucarest Quotidien illustré d’informations Politiques, Economiques et Sociales LA MAGIE NOIRE DE L’ECO­NOMIE ALLEMANDE Â Le quatrième anni­versaire de l’accession au pouvoir du natio­nal-socialisme en Alle­magne a fourni au gouvernement du Troisième Reich l’occasion de déployer une propa­gande tapageuse siur les succès de son programme économique. Afin d’influencer l’étranger de la façon lia plus intensive possible, les jour­naux du parti national-socialiste ont même inauguré la publication des articles les plus importants de leurs éditions spéciales du diman­che et jours de fête, à la fois en allemand, en français et en an­glais. C’est là un procédé qui n’est pas tout à fait en accord avec le dogme par ailleurs si répandu en Allemagne, de l’autarchie économi­que et intellectuelle. Aju premier plan de toute la lit­térature de propagande généreu­sement répandue sur la plus gran­de partie du globe se trouvaient certain^ chiffres, concordants dans toutes les publications, et destinés à donner l’impression que l’écono­mie allemande, à la fin du premier plan quadriennal proclamé par le Führer et chancelier du Reich lors de son entrée en fonctions, enre­gistrait une forte impulsion et une ferme consolidation. Cette méthode est infiniment habile. Car, en fait, le lecteur crédule, en comparant les statistiques, doit garder l’im­pression que dans le Troisième Reich, tout est devenu plus grand et plus vaste que ce n’était le cas sous la République de Weimar. En effet, l’analyse d’une statistique est presque impossible à quicon­que ne connaît pas très exactement le sujet qu’elle embrasse. Mais une analyse approfondie s’impose d’une façon toute particu­lière en ce qui concerne les don­nées fournies sur le développement de l’écouomie national-socialiste en Allemagne. Evidemment, tous les chiffres produits par la publicité national-socialiste concordent. Mais iüs ont presque tous une autre sig­nification que celle que l’on veut leur attribuer. Et seul peut décou­vrir la vérité sous l’erreur voulue dans un but de propagande, celui qui connaît à fond la structure par­ticulière de l’économie allemande actuelle, dont le caractère spécifi­que provient surtout du fait qu’elle repose pour 80% sur la production des armements. L’économie finan­cière allemande, aussi bien que la politique économique intérieure et que la politique du commerce exté­rieur du Troisième Reich se trouve complètement subordonnée à l’e­xécution de cette politique d’arme­ment. Même ce qui est présenté comme „création de grands tra­vaux” contre le chômage, à carac­tère neutre, sert pareillement mais indirectement, les desseins de l’ar­mement, y compris la construction des autostrades tellement vantés, et qui ne sont au fond qu’un ré­seau de rocades destinées au dé­placement d’une formidable r.rmée motorisée. C’est en partant de cette otion qu’on peut comprendre la valeur de ces données numériques, mon­tées en épingle dans presque tous les articles consacrés au Jubilé. Il va de soi que l’accroissement de la production de l’industrie alleman­de, passée d’environ 35 milliards en 1932 à près de 65 mil­liards en 1936, en impose fortement. Mais si l’on tient compte qu’en 1932, la production pour •’es fins mil'taires n’était qu’une fraction infime de l’ensem­ble de la production nationale, a­­lors qu’en 1936, (même selon les données officielles) environ 80% des fabrications industrielles res­sortissent à l’industrie de l’arme­ment, on peut facilement calculer qu’en 1936 la production indus­trielle de marchandises de consom­mation courante n’a pas dépassé 20 milliards; si bien que depuis 1932, la production des articles de consommation courante n’a pas augmenté; elle a diminué, au con­traire, d’au moins 15 milliards de marks. Cela correspond aussi, à peu de choses près, à ce que l’on sait de l’ampleur de la diminution de l'économie de consommation régulière en Allemagne. Pour réaliser les armements et créer les grands travaux de mite contre le chômage, on a dépensé un capital atteignant une douzaine de milliards. Il s’agit en réalité presqu’entièrement de dépenses publiques. Par conséquent, il doit en résulter un accroissement extra­ordinaire des dettes de l’état. Par contre, sellon les statistiques offi­cielles, la dette du Reich, de 11,5 milliards, ne s’est élevé que jus­qu’à 15,3 milliards, dans le même laps de temps. Les dettes du Reich, (Suite en page 4) G. B. Le 29 juin 1937 Dans l’article envoyé au „Mo­ment“ par M. Paul Reynaud, pu­blié dans notre numéro d’hier, l’é­minent représentant du centre droi­te se récriait contre une partie de l’opinion française qui se laisse gagner par la campagne organisée contre le pacte franco-russe. # * • L’extrême droite française, en organisant l’offensive contre l’ac­cord signé avec la Russie, sans es­pérer le dénoncer, essaie cepen­dant de le rendre inopérant. Les uns prétendent arriver à le faire tomber en désuétude; les autres sont presüadés que les évè­nements se dérouleront de telle manière que l’accord devra être modifié. M. Burê, en analysant la cam­pagne des nationalistes français, écrivait, il y a quelque temps: „Nos nationalistes, par amour de Mussolini et par haine de Sta­line, en sont arrivés à déclarer que notre pays ne se battrait que lors­que sa troni/ère serait violée. Ce néo-pacifisme de droite est aussi périlleux que l’ancien, celui de gauche, mais laissant faire Sado­­wa, il rend inévitable Sedan. Si un peuple ne veut se battre pour personne, personne évidemment, ne voudra se battre pour lui”. Les alliances sont toujours ba­sées sur une réciprocité d’intérêts, sur un échange de droits et d’obli­gations. On peut difficilement con­cevoir un accord suivant lequel un peuple serait obligé de garantir les frontières d’un de ses amis, sans qu’à son tour, il ne reçoive l’assu­rance de pouvoir compter sur le se­cours de l’atmée de son allié en temps utile. La France, plus que toute autre nation, s’est rendue compte que la paix en Europe est indivisible. Elle sait que, malgré toutes les promes­ses pacifistes, les pactes de non­­agression offerts par le troisième Reich, n’auront plus aucune valeur le jour où le régime hitlérien se ré­servera d’une façon expresse, le droit de liquider à son gré ses comptes en Orient. Même si dans une pareille éven­tualité, les frontières occidentales n’étaient pas touchées, la victoire de Y Allemagne en Orient la ren­drait tellement forte et audacieuse qu’elle ne saurait tarder à se re­tourner contre l’Occident, forte­ment appuyée sur son expansion orientale. Il est donc compréhensible que, stalinophobes ou non, les français soucieux de l'équilibre européen sont obligés d’opposer à la menace hitlérienne une alliance avec les Russes, qui comporte des droits, et sans doute des obligations. La même fraction politique fran­çaise voudrait bien abandonner les accords qui avaient été envisagés avec les pays de l’Europe Orientale. On considère dans ces cercles-là, que la France a plutôt à risquer qu’à gagner, en signant des conr trats et en prenant des obligations en Europe Orientale. On propage l’idée, sinon d’une totale indiffé­rence, dans les conflits qui n’inté­ressent pas directement la Répu­blique, du moins d’une politique qui ne serait que d’assistance morale et juridique, ce qui constituerait la réalisation d’un plan d’isolement de l’Occident. Il es inutile de dire que ce point de vue est loin d’être partagé par la France officielle, et moins m-Paris juin, 1937 1 ■S JEUDI t JUÎLT ET 1937 JuüJlilUllliu HKltllIllIllllM Mlllllilllllllimllillllllllll ■lllllllllllir ï Meure Samson et | aç ! |les Philistins avec J. lui l ~ £ 1 EN PAGE 6, f La chasse en i Roumanie * •>tl|||||||||lnmn|||||||l>»«l|||pinnq||||||||im<iliqp|lli>fÎ 1 EN PAGE 3 : ‘ f "iilllllll'"' Londres, juin 1937 Dans les cercles enclins anx préjugés l’inquiétude habituelle quant à la situation de la France est de nouveau à l’ordre du jour. Les finances sont en désordre; le franc est en mauvaise posture, Blum est parti; le gouvernement est tombé; la révolution bolché­­vique est très proche, et l’Exposi­tion Internationale n’est pas en­core prête. Mais, en vérité ce qui s’est pas­sé la semaine dernière en France, montre simplement l’extraordinai­re flexibilité de l’appareil parle­mentaire français. En Grande Bretagne, les gou­vernements changent souvent de politique sans changer d’hommes. En France il est coutume de chan­ger d’hommes sans changer de politique. En Grande Bretagne un ministre reçoit son département de ressort et s’attend à y rester au moins trois ou quatre ans. En France il fait sa réverence le ré­ception ou d’adieu — here to day and gone to morrow — au chef de cabinet permanent qui conduit le ministère. En Grande Bretagne le cabinet c’est le gouvernement. En France, c’est la Chambre, tous les membres de la Chambre dans une certaine limite coopèrent , à. un but commun parfaitement com­pris. Dans le parlement xnglais il y a une très sensible absence d’hommes de grande compétence. En France il y a pléthore. La ru­che de la Chambre et du Sénat français tout entière s’agite avec véhémence mais avec le but précis d’un accord qui est dans l’esprit de la ruche. Les pays étrangers, dont le nô-Nous avons le plaisir de sou­mettre à nos lecteurs l'article en­voyé au „MOMENT" par le Très Honorable WINSTON CHURCHILL L'illustre homme politique an­glais y expose ses vues au sujet de la dernière crise du cabinet français, dont il commente avec autant de sagacité que d'im­partialité les causes et les con­séquences. tre, sont enclins a regarder les français comme une nation pas sérieuse, facilement excitable, fan­taisiste, hystérique même. En réalité, les français sont une des plus lucides, des plus sobres, des moins sentimentales, des plus cal­culées et tenaces nations du mon­de. C’est à oes seules qualités qne le peuple français doit depuis un millénaire une grande partie du territoire qu’il possède et qui dans l’ensemble est une des plus belles régions du monde. Pour l’instant tous les français, du monarchiste militant au com­muniste militant, ont résolu de défendre la France et de veiller à ce que cette liberté que le peuple français a gagnée par la Ré solu­tion ne soit pas menacée pas plus de l’extérieur qu’à l’intérieur. La France fut toujours prodi­gue du sang de ses enfants. Mais elle éprouve une répugnance payer ses impôts. Les Anglais ne à rechignent pas à payer leurs im­pôts mais détestent le militaire. Les Français ne le détestent pas s’ils évitent les impôts, les deux nations veulent bien entrer dans la lutte quand elles sont convaincues qu’il ne reste pas un autre espoir de se survivre, mais en ce cas la France tient pas à avoir plus de soldats qu’il ne lui en faut tandis­­que l’Angleterre ne voudrait pas en avoir du tout. # * * M. Blum a joué un grand rôle. D fut premier ministre un pen plus d’une année. En France, où les hommes politiques dirigeants sont habitués à gouverner chacun son tour, c’est déjà un événement considérable. Blum a rempli avec distinction une période dans la vie de la France qui pour tout autre que lui aurait été un hiatus. Les salariés français n’ont pas fait la grande fortune qne la richesse de la France et sa civilisation eus­sent laissé espérer. Leur standard de vie fut de beaucoup inférieur à celui de notre île humide, nua­geuse et quelquefois couverte de brouillards. Es croyaient faire un pas en avant (patch, en allemand) vers nne plus grande participa­tion aux richesses du pays. M. Blum a donné l’expression à cette tendance. En même temps en politique é­­trangère il a rapproché la France, plus qu’elle fut jamais, des deux pauvres démocraties libérales ori­entales qui parlent l’anglais. Et les plus grands soins et les plus gros frais ont été réservés à l’ar­mée et aux autres forces de dé­fense. Tous étaient d’accord ur ce point là. Même les communistes ont manifesté dans la rue en criant Winston Churchill La France éternelle M. WINSTON CHURCHILL ET LA CHUTE OU GOUVERNEMENT BLUM Plus „les français changent" plus la France reste la même (Suite en page 6) core par les grandes masses du peuple où, tout en repoussant l’idée de guerre et en évitant les possibi­lités d’un conflit quelconque, on se tend compte qu’on parviendra à éloigner la guerre seulement en renforçant et en multipliant les alliances, dont le caractère essen­tiel est de garantir les forces mi­litaires et morales, de la défense des traMés et de l’Europe actuelle. Alfred Hefter EN PAGE 7 : LA DERNIÈRE JOURNÉE DE S. M. LE ROI A VARSOVIE OH! LES 3EILES DEMI-MESURES Le Reich s’est retiré du contrôle mais a déclaré vouloir continuer à collaborer au comité de non intervention. LUI: Alors, n’allons pas! ELLE: Oui! mais quand je pense comme les autres "nvités seront heureux de ne pas nous y LUI: Et bien, alors, allons y, mais disons-leur que nous sommes venus rien que pour leur dire que nous ne pouvons pas venir... voir... (Les journaux) it ELLE: Tu sais, ça ne m’amuse pas du tout d’aller faire le contrôle chez Mme la Méditer­ranée... Des mots des mots des mots Telle est notre vanité que noua trouvons du génie à un auteur dèa qu’il pense comme nous. * * * Les femmes exigent la discrétion en amour pour avoir elles-mêmes quelque chose à raconter. * # * Entre le plaisir et la joie, qua de nuances! * * * Ma famille est fière d’entendra dire au marché que je suis poète. Mais elle ne peut cacher sa désap» probation de me voir en pantou­fles à la maison à l’heure où d’au­tres sont à leur emploi. * * * Que Dieu me préserve de ma casser une jambe! je n’échappe* rais plus, de la vie entière, aux cris de reproche de ma femme. * # * -■ Les Allemands travaillent aveo leur tête, les Français avec la coeur, les Russes avec l’âme. Nous, quand cesserons-nous d’être cou» duits par nos seuls instincts? , * * * Dans l’amour, le plus faiblq souvent domine et terrorise. * # * Avant de railler ceux qui tom­bent, demandons-nous si noua avions d’où tomber. * * * Interview, invention commode. On s’allège de tout ce qu’on a suc le coeur. Et puis on donne un dé* menti. * * » ■ Nous faisons tous l’erreur da nous imaginer que le but de l’exis­tence c’est le bonheur. De là vient le grand mécontentement de lai vie. * * * Chaque roi est le Roi des Rois, * * * Toute époque a ses divinités bienfaisantes. A l’une, la Probité qui purifie, à l’autre, l’Ironie qui fouette, le Scepticisme qui nivelle, le Pessimisme qui contrôle, à liai fin la Passivité qui conserve. Non tre époque ne peut avoir comma divinité suprême que l’Idéalisme créateur. * * * La bonté ne doit pas aller jus­qu’à l’injustice. , * * * Vous félicitant pour une oeuvra nouvelle, certains ont l’air de vous dire „jusqu’ici je te prenais pouc un imbécile“. * *; Les femmes pardonnent ton af­front, si on leur donne pour motif la jalousie. « * Si ton odorat n’est pas très fin, ce n’est pas une raison pour affir­mer qu’il n’y a pas un parfum stel­laire. * * *■ L’orgueil nous pousse à regarder non seulement nos actions, mais nos intentions mêmes supérieures aux réalisations des autres. * * * L’homme pauvre n’est jamais jeune. * * * Les heures passent lentes, len­tes, elles n’en finissent pas. Mais les années, rapides. * * * Nous n’avons pas encore vu, jusqu’à présent, d’escroc anti­pathique. * * * Il faut absolument faire partie d’une secte politique pour obtenir des avantages des adversaires. * * * C’est l’heure du repas, ne reçois personne. Une bonne nouvelle coupe l’appétit autant qu’une mau­vaise. * * * Il n’y a qu’un pas de la fierté à l’orgueil. Mais de la modestie à l’humilité il n’y a qu’un demi-pas. * * *­Chacun sa besogne en temps voulu, et nous n’avons plus le loisir de nous occuper des affaires des autres. Et le pays n’aura plus besoin d’apôtres, de prophètes, ni de dictateurs.* * -x-II est sage d’attendre le juge­ment de Dieu, mais il est plus pru­dent de s’adresser à la justice des hommes. Victor Efthnia *4* «H 1

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