Le Moment, Septembre 1937 (Année 5, no. 760-785)

1937-09-01 / no. 760

Numéro spécial pour la Conférence de la Petite Entente nnr ARCQT AMKfW M- non Tala pestait papit directement, conformement è PUUfllWlOl a flMNhK — W 7B0 rapprobatlon No. 247.392\19S3 du P. T. T. B PAGES S LSI Imprimerie et Ateliers de Photogra. vttre „LE MOMENT" 2, rue Arist. Demetrlade. Tél. 4.56.61 Directeur t ALFRED HEFT EULe Moment Journal de Bucarest Qotidien illustré d'informations Politiques, Economiques et Sociales B P c A B EST 15. rue Brezoianu Rédaction, Administration Tél. S.lu.40 Direction Téléphone: 4.25.34 La Tchécoslovaquie cl la Petite Entente (De notre correspondant particulier) Prague, août 1937 La conférence que M. Camille Krofta, mi­nistre des Affaires E- trangères, a faite à Ta­­transka Lotmnitze, au sujet de ta Petite Entente et les articles que publie dans l’of­ficieux gouvernemental la „Pra­ger Presse“ une pensomnalité bien connue dans le monde politique in­ternational, mais se cachant sous le pseudonyme „X. Y.“, fixent bien quelles sont les traits précis qu’en­visage la Tchécoslovaquie à l’égard de ses alliés et du développement des événements politiques interna­tionaux. M. Krofta a mis en relief que les trois Etats de la Petite Entente ne reconnaissent et ne reconnaî­tront jamais aucune autre autorité que celle de la S. D. N. Ensuite il a déclare que les Etats de la Peite Entente refuseraient­­toute révision unilatérale conclue sans leur accord préalable ou con­tre leur volonté, M. Krofta a ajou­té: „les différents accords: russo­­tchécoslovaque, polono - roumain, bulgare -y ougosl ave et italo-yougo­­slave, ont reçu la pleine approba­tion des autres Etats de la Petite Entente, qui les considèrent comme concourant à la consolidation de la Petite Entente. Ce serait une erreur de tenir l’acord halo-yougoslave ou d’autres encore comme un affaiblissement de relations entre les Etats de la Petite Entente et de supposer que ces relations puisent se disloquer par le fait qu’un de ses membres raffermit ses relations avec un au­tre Etat. Pour ce qui est des articles de la „Prager Presse“, ils expriment sans doute les opinions du gou­vernement tchèque à l’égard des relations internationales et visent l'Allemagne tout spécialement. Entre autre l’auteur de ces ar­ticles affirme: La politique exté­rieure de la Tchécoslovaquie per­siste à croire qu’on puisse abou­tir à une entente basée sur le prin­cipe de la sécurité collective en­tre les principales puissances de l’Europe, tout comme pour le pre­mier Locamo. Elle connaît les objections de l’Allemagne et elle est convaincue que ces difficultés peuvent être facilement écartées, commie cela s’est passé à l'occa­sion du premier Locarno. La po­litique extérieure tchécoslovaque ne présente donc à ce sujet au­cune espèce de difficulties direc­tes en vue d’une entente tchéco­­allemande ou tchéco^polonaise et ainsi de suite. Une telle entente directe élimi­nerait toute une série d’entraves et de difficultés concernant non seulement l’Allemagne mais aussi les autres puissances; en outre, on écarterait de cette manière tout soupçon ayant trait à l’exclu­sion de l'Allemagne de l’Europe Centrale. Il n’y a en réalité, aucune espèce de problème sérieux de nature à empêcher les bons rapports entre les1 deux pays. Ce voisinage, les rapports économiques très étroits, ainsi que les rapports culturels qui se sont développés pendant des siè­cles, non moins que la conscience que tout heurt sérieux entre les deux Eats entraînerait une catas­trophe européenne — tout cela im­pose aux deux parties de chercher les voies sages qui mènent à l’en­tente et à la collaboration. Les facteurs responsables de la Tchécoslovaquie sont fermement convaincus que ces voies seront dé­couvertes. L’Allemagne n’a jamais demandé l’annulation des traités de la Tchécoslovaquie, avec la Fran­ce, ni avec la Russie soviétique. La poi.tique de la Tchécoslovaquie, à l’égard de la S. D. N. qui aujour­d’hui, devant le déclin universel­lement reconu de Genève, ne peut jouer qu’un rôle très restreint dans l’arrangement des rapports réci­proques et des problèmes concrets est une entrave encore moins im­portante. Le problème de l’Autriche et le problème de l’Europe Centrale en général, ne sont pas précisément au centre du problème germano-tché­coslovaque. Sur cette question la Tchécoslovaquie est prête à accep­ter n’importe quelle solution, con­venant aux autres intéressés. Il faut espérer qu’au cours des discussions qui auront lieu à Si­naia la position de la Tchécoslo­vaquie en Europe Centrale fera l’objet d’un chapitre important, parmi les autres inscrits à l’ordre du jour, et que le système élasti­que sur lequel repose la diploma­tie de la Petite Entente permettra à la Tchécoslovaquie de poursui­vre, elle aussi, ce que M. Victor Antonesco a appelé: „Une politi­que sans jalousie“. L. T. Sinaïa, 30 août La presse européenne en quête de nouvelles ou en mal de sensa­tionnel, habituée aux événements de plus en plus extraordinaires qui se produisent, soit en Espagne, à Berlin, à Moscou ou à Shanghaï, se sent obligée de découvrir ou tout au moins d'annoncer, des dé­tails plus ou moins inédits et in­soupçonnés du côté de la Petite Entente. * * * Pourtant, la confétence à Sinaïa se déroule normalement, sans sur­prises, sans coups de foudre, mal­gré les nuages passagers que le vent apporte, pour les dissiper en­suite sur les Carpathes, lesquelles se font recouvrir légèrement, par l’automne, d’un riche brocart d’or et de jade. 11 faut avouer que P actualité politique n’a pas de secrets dont le mystère puisse inquiète,r les âmes avides des hommes politiques et des journalistes. Tout le monde connaît les soucis et les problèmes graves dont les hommes d’état de chaque pays sont préoccupés constamment. Soucis de politique internationale, soucis de politique locale, problème spé­cifiques déterminés par l’ensemble spirituel, ethnographique ou géo­politique de chaque pays. A Belgrade, on est en train de parachever un acte de grande im­portance culturelle et historique, — le concordat, — dans une at­mosphère d'agitation et de lutte inévitables. Mais le gouvernement, conscient de ses responsabilités et des grands devoirs de l’état, pour­suit son chemin avec la conscience éclairée de sa mission et la volonté de vaincre les obstacles élevés par une opposition décidée à troubler l’équilibre politique intérieur. A Prague, la pression exercée à l’intérieur et à l’extérieur par les Allemands, qui guettent les occa­sions d'alourdir les charges d’un gouvernement de large concentra­tion, menaçe, par un système sa­vant d’intrigues, de fausser la ba­lance tenue avec prestige et auto­rité par le vaillant président de la république voisine. A Bucarest, ■ une fin de \ légis­lature, dont les succès et la chance ont consacré, sur des voies parallè­les, le sens tactique et la science stratégique d’un gouvernement (aux multiples ressorts d’une élas­ticité sans précédent), a posé le problème de la succession avec un grand nombre d’inconnues. Soucis, préoccupations, lesquels sans l’intervention d'un oracle et sans grandes secousses, finiront par être écartés ou enlevés par d’autres, plus grands et certainement ou­bliés dans la masse des graves problèmes internationaux. Les chefs des trois pays de la Petite Entente savent que: 1. Il existe un problème très proche, — celui de la Hongrie, — laquelle réclame l’égalité, en fait d’armements, la reconnaissance de ses droits, comme pays suzerain. M. Henri Béranger, T éminent homme politique français qui, en sa qualité de président de la Com­mission des Affaires Etrangères du Sénat, est nőn seulement la voix la plus autorisée de France en cette matière, — après celle du ministre des Affaires Etrangères, — mais aussi le représentant con­tinuel et cela plus que le ministre des Affaires Etrangères, de la po­litique extérieure constante de la Troisième République, nous envoie cet article où il étudie les vues du Quai d’Orsay concernant la poli­tique de la Petite Entente. M. Henri Béranger prouve Ici d’une manière claire, avec autorité, que la France, loin d’être mécon­tente des derniers aspects de la politique internationale dans le sud-est de l’Europe, manifeste sa confiance dans la valeur pacifique de la Petite Entente qui doit con­duire tous les riverains réconciliés du Danube vers la Grande Entente, libre et prospère. * * * H y a eu cette année beaucoup de nouveautés diplomatiques en Eu­rope Centrale. La Yougoslavie a signé avec la Bulgarie d’abord, avec l’Italie en­suite, des accords de „bon voisina­ge". L’Autriche avait précédemment signé avec l’Allemagne un accord de „bon voisinage" que l’Italie loin de combattre a approuvé. Puis cette même Autriche s’est rapprochée de la Tchécoslovaquie et de la Hon­grie, si bien que beaucoup d’obser-vateurs avertis voient dans ce rap­prochement un noyau de résistance pour la reconstruction danubienne toujours en devenir. La Roumanie, elle, n’a encore rien signé de sensationnel, mais elle a tout de même évolué dans les fa­çons de sa politique extérieure, si­non dans le fond de cette polifique. La Roumanie n’a, certes, rompu avec aucune de ses amitiés ni au­cune de ses alliances, mais elle a noué ou renoué avec d’autres puis­sances des liens qui ont quelque peu modifié son rôle dans le concert européen. Quant à la Tchécoslovaquie, de­puis l’ascension de M. Benès à la présidence de la République et l’ac­cession de M. Krofta au ministère des Affaires Etrangères, elle n’a assurément rien altéré des directi­ves de sa politique extérieure, tou­jours étroitement associée à celle de la France et aux procédures du HENRY BERENGER Président de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat Français (Suite en page 6) En marge de la Conférence de Sinaia La politique du Quai d’Orsay à l’égard da la Petite Entente exposée au ,,Moment" par M. Henry Bérenger, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat trançais. HENRY BERENGER EIV ]PiS<GrlE 3 LA RÉUNION DU CONSEIL PERMANENT DE LA PETITE ENTENTE (l-ère journée) Les trois pays de la Petite Entente veulent, solidairement, accepter une reconnaissance formelle, à con­dition qu’elle réponde à des garan­ties effectives de paix, que la Hon­grie ne saurait refuser sans s’at­tirer les risques d’une provocation inutile. 2. Il existe un état de fait en Europe, qui demande à être éclairci au point de vue international, se­lon que le réclament une politique réaliste et le déterminisme histo­rique. Il s’agit de la reconnaissance de l’Empire italien. Pourquoi retar­der une formalité qui, si elle s’é­tait produite plus tôt, aurait cer­tainement épargné au continent des troubles, des incidents et des confusions regrettables pour le monde entier. 3. Chacun de ces trois pays ayant lié ses destinées au continent tout entier, constitue un bloc politique et économique qui se développe sur un plan unique, dont tous les points se touchent non seulement géographiquement et moralement, mais aussi historiquement, par l'inébranlable déterminisme techni­que, dont le premier résultat a été de supprimer à tel point les es­paces, que le problème des fron­tières n’engage plus les intérêts de quelques Etats, mais celui de l’Eu­rope tout entière et de la civilisa­tion. C’est pour cela qu’il ne sau­rait exister de pacte de garantie occidental, que dans le cadre et dans l’esprit d’un pacte conti­nental. Dans ces conditions, il est évi­dent que le programme de la ré­union qui a lieu ces jours-çi à Si­naïa, comporte des débats, des é­­changes de vues, des documenta­tions, réclamant un contact per­manent. Aussi, la courte durée d’une conférence n’est-elle que l'oc­casion de faire le point et de pré­parer le matériel des discussions prochaines. ALFRED HEFTER LA CONFERENCE DU CONSEIL PERMANENT DE LA PETITE ENTENTE M. M. Stoyadinovitch et Krofta, entourés de M. M. Victor Antonesco et Victor Badulesco à l'arrivée en gare de Sinaia MERCREDI 1 SEPT. 1957 EN PAGE 5: La situation reli­­gieusse de la Yougoslavie é­­tayée par les chiffres ""Hllllii"“ EN PAGE 6: La XIII-e confé­rence de la P. E. P. <1 Les «Strajeri»àParis (De notre envoyé spécial) Paris, août 1937 120 ,,Strajeri-Cercetasi*\ sous le commandement du prof. Soimeseo et du colonel Sambateano, après avoir participé au jamborée de Hollande, viennent de paser dix jours à Paris* Parmi eux se trouvent cinquante comandants de Cahortes et de légions C’est dire l’importance et la valeur du détachement. Les chefs les plus remar­quables des valeureux et ra je ri rou­mains, ceux qui dirigent l’ardente jeu­nesse sur les voies tracées par S. M. le Roi Carol, et menant à des buts, parmi les plus nobles, ont pris, dans la Capitale de.la France, un étroit con­tact avec leurs camarades de la na­tion amie. Dix jours durant, Us ont visité la grand’ville et les merveilles de l’Ex­position. Reçus par les scouts français, re­çus officiellement à l’Etat de Ville, ils devaient encore connaître la belle réception que leur fit le ministère des Affaires Etrangères et l’émouvante soi­rée qui suivit, au Pavillon Roumain, Au quai d’Orsay Au quai d’Orsay, c’est M. Drouard, qui, en l’absence de M. Yvon Delbos, ministre des Affaires Etrangères, les accueillit, en présence du prof. Gusti, Commissaire Général de Roumanie à l’Exposition, et de M. Jean Gheor­­ghiu, Commissaire Général adjoint, chargé d’Affaires de Roumanie. C’était la première fois que les lam­bris du Salon de l’Horloge voyaient défiler un groupe de scouts en tenue ou en costume de paysans des diver­ses régions de Roumanie. Aussi tous les invités étaient-ils très touchés, très fiers aussi, d’avoir été reçus oficiellement par le Gou­vernement de la République, lequel a voulu montrer quel intérêt il portait aux organisations des ,,®trajeri * si chères à S. M. le Roi Carol. C’est dire combien l’atmosphère fut chaude et cordiales, chacun sentant, au fond de son coeur, les bienfaits nés de la force de l’amitié franco-rou- Au pavillon roumain 21 heures. Au pavillon roumain. Sur deux rangs, dans une discipline parfaite, les strajeri attendent l’arri­vée du Prof. Gusti. Une foule d’invi­tés, parmi lesquels MM. Drouard, de Seguin, de Ste Marie, de St Martin, délégués du Quai d’Orsay et de nom­breux représentants de la Presse, ont envahi le hall d’honneur. Derrière les grilles, fermées, mille curieux essaient de surprendre une partie du specta­cle. Voici le Prof. Gusti, acompagné de M. Jean Gheorghiu. Garde à Vous. L’éminent animateur des Equipes Royales de la Fondation Prince Carol, passe la phalange en re­vue, et s’en fait présenter chaque membre. Le commandant Soimeseo a­­dresse un salut de bien venue au prof. Gusti, et celui-ci lance à pleine voix, une proclamation, hachées par des hourras retentissants. Un détachement des scouts de Fran­ce, sous la conduite de M. Guerreau, secrétaire général de la Fédération, fait son entrée. Le colonel Sambotea­­nu lui fait escorte. Saluts. Nouveaux hourras. On forme le cercle autour du Prof. Gusti, qui prononce alors le discours suivant: Le discours du Prof. Gusii En ma qualité d’ancien ministre de l’Education Nationale; en ma qualité de dirigeant de la Fondation Royale „Le Prnice Carol”, qui, au cours de cet été, comme au cours des étés précédents, a envoyé dans les villages de Roumanie quatre-vingt équipes d’étudiants, afin de rechercher la vie de ces villages, et d’ai­der au relèvement de la condition de vie de ceux-ci; en ma qualité surtout de Commissaire Général de Roumanie à l’Exposition de Paris, je suis très heu­reux de saluer dans cette enceinte, sym­bolisant la terre de mon pays au coeur même de la merveilleuse capitale de la Prance, les représentants de la jeunesse roumaine. El ma joie est d’autant plus grande, que votre présence ici, mes chers et jeunes amis, est, une fois de ROGER DELPEYROF (Suite en page 2)

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