Le Moment, Decembre 1937 (Année 5, no. 834-858)

1937-12-01 / no. 834

posta ss pa [UNK]Sa éireestrmtxs, amxfasutsmsa t ê. seprabati&x No. 247.592\ 1953 <*ss P. T. T. BÜGARBST6* *’ ANNEE - N" 334 BOCA BEST 15, rue Srezoiantj Rédaction, Administration Tél. 3.10.40 Direction Téléphone: 4.25.34 Imprimerie et Ateliers de Photogrsu vurc „LE MOMENT" 2, me Arist. Demetriade. Tel. 5.19.91 Directeur; ALFRED HEFTER 8 Fages 3 Lel Le Moment Journal de Bucarest Quotidien illustré d'informations Politiques, Economiques et Sociales te—ÂIERrREDÏ 1 DECEMBRE 193? .444444 EN PAGE 3 : Le caractère de la campagne électorale actuelle 4 4444444444 4 Lasituation est très grave en Afrique du Nord Ai. HENRY BERENGER a envoyé au „Mo­ment,, ce remarquable article où il analyse la si­tuation très grave que l’agitation panislamique a créée en Afrique du Nord. Le Président de la Commission des Affaires E- trangères du Sénat français donne des précisions sur la politique que son pays devrait adopter dans ces circonstances difficiles, Voilà le véritable but poursuivi: Il n’est cependant pas exclusif d’un partage des dépouilles afrieai- HENRY BERENGER Ambassadeur de France, Pré­sident de la Commission des Affaires Etrangères du Sé­nat français Ä Depuis que le gou­vernement du Reich, appuyé par le gouver­nement italien, s’est mis à réclamer des co­lonies, une campagne a été déclen­chée à travers le monde pour sou­ligner certaines difficultés récem­ment rencontrées par la France dans l’administration de son Afri­que du Nord. Ce n’est pas là une simple coïn­cidence. Tous ceux qui suivent de près les agitations indigènes du pan-arabisme sont fixés là-dessus. Ils ont les preuves que ces agita­tions sont fomentées et favorisées par l’argent et les agents de l’Al­lemagne et de l’Italie. Cette conspiration vise à su­rexciter la nationalisme arabe pour saper et renverser l’édifice de col­laboration radicale construit de­puis un siècle par la France sur le continent africain. Le but poursuivi est d’autant plus évident que la Bible du national­­socialiste allemand d’après-guerre, ce Mein Kampf rédigé pár. M. Adolf Hitler lui-même, a pris na­guère position contre toute politi­que coloniale d’outre-mer par l'Al­lemagne. Faut-il rappeler que dans son ouvrage le Reichsführer actuel a blâmé Guillaume II pour avoir pratiqué, de 1900 à 1914, „un CQ- lonialisma. fif.nnaifirfia.lti. sans .inté* rêt pour la mère-patrie et n’ayant eu pour résultat dangereux que de la brouiller avec l’Empire Britan­nique ? Si je devais citer tous les passa­ges de Mein Kampf où M. Hitler a déconseillé une expansion colo­niale du Reich qui ne peut, d’a­près lui, qu’être au détriment de ses devoirs de peuplement territo­rial à l’Est de l’Europe, je dépas­serais déjà par ces citations les li­mites de cet article. Qu’il me suf­fise de citer, parmi vingt autres, ce passage du chapitre XIII de la seconde partie de Mein Kampf: „Plus d’un serin d’Allem,and s’est pris, avec la meilleure volonté, aux „gluaux tendus par le Juif: on a „parlé à tort et à travers de la re­naissance maritime allemande, „protesté contre le vol de nos co­lonies, demandé qu’elles soient re­conquises; tous ces propos four­nissaient les matériaux que la cà­­„naille juive faisait parvenir à ses „congénères anglais, et dont s'ali­mentait une propagande efficace. „Nos bourgeois niais qui se mêlent „de politique commencent à com­­„prendre vaguement que npus n’a­­„vons pas à lutter aujourd’hui pour „que l’Allemagne devienne forte „sur mer, etc. Diriger les forces de „la nation allemande vers cet ob­jectif était déjà une folie avant la „guerre. Aujourd’hui un pareil pro­jet doit être mis au nombre de „ces sottises qui, en politique, s’ap­pellent des crimes“ (Adolf Hit­ler, „Mein Kampf“, Partie II, Cha­pitre XIII). Or, M. Adolf Hitler ne se consi­dère ni comme un sot, ni comme un criminel, pas plus en 1937 qu’en 1932. Et il ne viendrait à l’esprit de personne de le désigner comme tel. Si donc M. Hitler dirige au­jourd’hui les forces de la nation allemande „vers un objectif mari­time et colonial“, c’est qu’il entend se servir de cet objectif pour é­­cha. m sa revendication coloniale contre quelque chose de plus utile à l’Allemagne. Cette autre chose, tout le monde sait que c’est un agrandissement territorial de l’Al­lemagne au centre et à l’est de l’Europe (Autriche, Tchécoslova­quie, Ukraine;. Cela n’empêche d’ailleurs pas M. Hitler de poursuivre, sous couleur de l’égalité des droits, en plein ac­cord avec le néo-impérialisme ita­lien en Afrique, toute une entre­prise d’affaiblissement de la France auprès du monde musulman. Il s’a­git avant tout de séparer la France européenne de la. France^ africaine et d’encercler ainsi complètement la France européenne avant de la ré duire à la fois sur ses frontières maritimes comme sur ses frontieres terrestres. (Suite page 6) Le 29 Novembre 1937 M. Ghitza Raut n’est pas une per. sonnalité très connue dans le pays, bien qu’il fasse partie du groupe des plus intimes amis de M. Titulesco. Après une absence de vingt ans, il vient de rentrer de Paris dans la suite de son patron. Comme il n’é­tait pas informé de l’exacte situa­tion politique, sociale et intellectuel, le du pays, il s’est imaginé que le re­tour de M. Titulesco, après seize mois d’absence et d’inactivité, pro­voquerait l’explosion de l’amour fi­dèle et enthousiaste que le monde politique lui avait assuré constam­ment, avec une vibrante unanimité. Aussitôt sur le quai de la Gaie du Nord, il s’est vite rencfu compte, rien qu’à voir les visages connus des premières lignes et les pancar­tes disséminées que brandissait la foule, qu’il se trouvait devant une masse de nationaux-paysans, une manifestation des partisans de MM. Maniu et Mihalache, et que, hélas, les amis de toutes les catégories so­ciales, les innombrables admira­teurs, adeptes et sympathisants, fai. saient défaut. On cherchait en vain les têtes soumises et les regards prosternés de ces milliers et mil­liers des fanatiques qui faisaient le choeur habituel, et entonnaient Hosannas, Hourras à l’arrivée du Grand Mogol. A peine arrivé à la maison, déçu et bon enfant, M• Ghitza Raut a senti bouillonner toute la révolte dans son âme de Moldave, et dé­goûté, sceptique, il a couché sur pa­pier, avec mépris, ces quelques lignes. * * * CHER PATRON, C’est ça, le peuple, c’est cela la popularité ? Faut-il vider la coupe de poison jusqu’à la lie? Faut-il entrer dans les rangs? Le parti n’est-il pas trop grand pour le pays et trop petit pour vous? Je vous rappelle la Parole de So­crate: „Socrate, un jour faisant bâtir, Chacun censurait son ouvrage. L’un trouvait les dedans, pour ne lui [point mentir. Indignes d’un tel personnage ; L'autre blâmit la face, et tous étaient [d’avis Que les appartements en étaient trop [petits. Quelle maison pour lui : L’on y tournait [d peine. „Plût au ciel que de vrais amis, Telle qu’elle est, dit-il, elle pût être [pleine!” Le bon Socrate avait raison. De trouver pour cela trop grande sa [maison. Chacun se dit ami; mais fol qui s’y [repose : Rien n’est plus commun que ce nom, [rien n’est plus rare que la chose. Patron, tout de même, en pen­sant à ce vieux Socrate, à tout ce qu’il a souffert, au vide qui l’entou­rait lorsqu’il prêchait la vérité, au poison, à son sort, j’ai senti un fris­son glacé courir le long de mon dos. Et comme je vous connais brave et courageux, plein de force, d’initia­tive, d’optimisme, prêt à vous bat­tre même Place de Tertre, contre tous et contre tout, je me suis dit qu’il vaut peut-être mieux écouter La Fontaine : Petits Princes, videz vos débats entre [vous, La portée de la visite de Lord Halifax à Berlin „Nous n’avons jamais permis à l’idéa­lisme d’obscurcir notre appréciation des réalités''. Notre rédaction de Londres nous fait parvenir un article dont l’importance exceptionnelle, concernant l’attitude de la Grande Bretagne, n’échappera à personne. L’article est dû à la plume de M. Kenneth de Courcy, secrétaire de l’impérial Policy Group. M. KENNETH DE COURCY n’est pas un inconnu pour nos lecteurs et ses articles pré­cédents, écrits, comme celui que nous publions ci-dessous, exclusivement pour „Le Moment”, n’ont pas manqué d’attirer l’attention des hommes politiques de partout. Etant donné sa qualité officielle et le rang élevé qu’il occupe parmi les dirigeants de la politique étrangère de la Grande Bretagne, M. Kenneth de Courcy est le plus à même de connaître l’orientation actuelle de la po­litique britannique. La concessions, Grande Bretagne fera certainement tous les efforts jusqu’à la dernière limite, toutes les jusqu’à Vextrême, pour éviter une guerre dans des conditions inacceptables pour elle. L’opinion publique patiente; elle patientera encore, puisque en Grande Bretagne, dans les Dominions et aux colonies, tout le monde anglo-saxon prépare soigneusement, méthodique­ment, fanatiquement les instruments de la victoire: indubitable, définitive. En attendant, même l’humiliation leur apparaît comme un acte de sagesse et de patriotisme. Londres novembre I937 On a spécule sans doute beau­coup sur la récente visite de Lord Halifax en Allemagne, mais la plus grande partie de ces spéculations a été entièrement sans fondement et quelques unes ont touché même aux sommets de l'indiscrétion. Une étude attentive des mémoires politiques montre clairement qu'en Grande Bretagne il y a au sein du Cabinet un cercle, qui est quelque­fois extrêmement petit, et les con­fidents immédiats du premier mi­nistre se résument occasionnelle­ment à un ou deux membres du Cabinet. Nous savons tous que Mr. Chamberlain est un des plus réser­vés et distants hommes politiques européens; aussi est-îl invraisembla­ble que les bruits publiés par la presse du monde entier aient un fondement solide. Je crois» en fait, que selon toute probabilité le Cabinet qui reflète nécessairement l'opinion taire, a considéré comme parlemen­préféra­ble de laisser les Instructions finales» les plus importantes partant, au su-„La politique actuelle de la Grande Bretagne,— écrit M. KENNETH DE COURCY, secrétaire de l'impérial Policy Group,— est dirigée, bien plus vers la réalisation d'une paix immédiate, que vers le sa­crifice de l'Europe sur l'autel de la S. D. N. „Si le prix du maintien de l'interprétation rigide du Covenant est l'inimitié des forces en,dehors de la S. D. N,, alors il faut immédiatement que nous révisions notre attitude dans les cadres des pro­blèmes qui se dressent de­vant nous". jet de la visite de Lord Halifax en­tièrement aux mains du premier mi­nistre. Il est possible que personne d'autre que M. Chamberlain et Lord Halifax ne connaissent ■ complète­ment le caractère décisif et le plus confidentiel du mandat confié à cet envoyé britannique non-officiel. Dans ces circonstances, je serais le dernier à spéculer au sujet du caractère des dernières conversa­tions qui auraient eu lieu entre le Premier Ministre et le Lord Prési­dent du Conseil, avant que celui-ci eût quitté Londres pour Berlin. Nous pouvons faire néanmoins des hypothèses assez larges, en ne rap­pelant que certaines caractéristi­ques de Lord Halifax, telles que la politique qui lui est propre, les ten­dances trangère de la Grande Bretagne, les penchants du Premier Ministre et, cë qui est le plus important, "as­pect général de l'opiniori parle­mentaire. KENNETH DE COURCY Secrétaire de l’impérial Policy Group (Suite page 6) De recourir aux Rois, vous seriez de [grands fous. Il ne les faut jamais engager dans vos [guerres, Ni les faire entrer sur vos terres. Ecoutez, patron, restons dehors, restons loin. (ss) GHITZA KALT. pour copie conforme ALFRED HEITER i.iRR in> ír im psii rv „LA NOUVELLE POLITIQUE ANGLAISE A L'EGARD DE L’ALLEMAGNE“ P„r M. KENNcT DE COURCY tlN FARCEUR ET MOI, ÇA FAIT DEUX je sais combattre comme à Genève mais aussi comme au ,JUaidanul Du­­lapulni”. M. Titulesco Sur une distance de 500 mètres autour du local de vote, les rencontres sont interdites. La loi électorale M. TITULESCO (au Maidanul Dulapulul). vous montrerais qui je suis!... N’étaient-ce les 500 mètres, qu'il me faut respecter, je 4 Lyon n’est pies» par EDOUARD HERR BT Paris, novembre 1937 Sous ce titre qu’il a emprunté au célè­bre décret de la Convention, le président Edourd Herriot publie le premier volu­me du travail magistral auquel il se con­sacre depuis plusieurs années. C’est l’his­toire tourmentée de Lyon et de la région lyonnaise depuis l’établissement de la Ré­publique (21 septembre 1792) jusqu’à la proclamation de l’état de siège par le Directoire exécutif (2 février 1798). Ces patientes et sagaces recherches ap­portent une décisive contribution à l’his­toire de la Révolution. Aussi sera-t-il difficile désormais d’écrire sur cette pé­riode de notre histoire sans se reporter à ces pages, dont les si fortes et parfois si minutieuses précisions font songer aux Origines de la France contemporaine. Le fond du tableau est constitué par le peuple lui-même, ce peuple à bonnet rouge et cocarde tricolore, si confiant, si docile et si mobile !... Comprendre et fai­re comprendre, M. Edouard Herriot n’a pas voulu autre chose, déclare-t-il. On verra par l’extrait ci-dessous, qu’il y a puissamment réussi. La misère dans Lyon est extrême, et l’agitation se produit surtout sur la ques­tion de savoir s’il faut relever les salai­­nmrvtmr-.-Ve- ■ • ■ . res et taxer les denrees. Les commissai­re* de la Convention prêchent l’union et le calme. Le Journal de Lyon (Carrier) adresse aux possédants un appel sééère et déjà menaçant. „Riches de Lyon, ou­vrez vos trésors... Votre intérêt est de vous dépouiller dans ce moment. Gar­dez-vous qu’une indigence extrême ne force le peuple de calculer vos fortu,­­nes, d’en approfondir les sources... Si... vous voulez réduire le pepule aux ac­cents de la misère, qu’en arrivera-t-il ? Vous serez les premières victimes. Espé­rez-vous qu’il maudira comme vous la Révolution ? Non, non, jamais... Riches de Lyon, vous avez prodigué des trésors à des traîtres... Reconnaissez votre er­reur... Du pain et de l’ouvrage, voilà quel doit être le cri de tous ceux que la Révolution a dépouillés, qui aiment sin­cèrement les lois et la République”. C’est déjà l’annonce de la formule qui devien­dra célèbre : Vivre en travaillant ou mou­rir en combattant. Il convient d’observer que le calme relatif des années 1790—- 1791 a permis de réaliser la presque to­talité des biens ecclésiastiques. En 1791', il s’est vendu à Lyon 239 lots; dans le Lyonnais, 501; dans le Beaujolais, 867. En 1792, le chiffre est tombé : pour Lyon, à 13; dans le Lyonnais, à 152, dans le Beaujolais, à 73. En 1793 et 1794, on vendra surtout des biens d'é­migrés. Mais ces expropriations parais­sent avoir peu intéressé soit la grande fa­brique, soi les ouvriers préoccupés sur­tout de leurs salaires ; elles tentèrent surr tout, à Lyon et dans le Lyonnais, la clas­se moyenne et, dans le Beaujolais, les paysans. -Les discussions religieuses compliquent la querelle sociale. Le curé de Saint- Just, Bottin, franc-maçon, envoie un long mémoire à Roland. Il se déclare nettement républicain. „Depuis le 10 août, je me sens haut de deux coudées de plus”. Originaire du département de la Manche, il se plaint des. persécutions dont il est l’objet, de la part des Lyon­nais, depuis cinq ans. „Je suis, ajoute­­t-il, le premier curé du département, je crois même le premier de France qui ait prêté le serment à la Constitution”. Les baronschanoines de Saint-Just, les arisr tocrates de Lyon le persécutent. On lui adresse des lettres anonymes ; on lui en­lève ses paroissiens; on ne lui laisse que „de malheureux ouvriers, vulgi-vagues (sic) que la modicité des loyers attire au Gourguillon”. Lamourette ne le soutient pas. On veut l’assassiner parce qu’il a fait partir à ses frais deux volontaires qui se sont trouvés présents à l’affaire du 10 août, parce qu’il a fait planter l'arbre de la Liberté sur la place des Mi­nimes. Lorsqu'il va prendre des bains aux Boteaux, des polissons le couchent en joue. Un grenadier le traite de calo­­tm patriote et veut le percer de sa baïonnette. Les femmes révoltées qui ré­clamaient la taxation des denrées ont menacé de lui couper la tête. Il vit en fSuite page Si MliM i

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