Le Moment, Juin 1939 (Année 7, no. 1273-1297)

1939-06-11 / no. 1281

BUCAREST 7-mp ANNEE No. 1.281 BUCAREST 15, RUE BR6ZOIANU Rédaction, Administration I él. 3.10.40 Direction : Téléphoné 4.25.34 Imprimerie et Ateliers de Photogravure „Le Mornerst" Inscrit au registre de publications du Trib d'Ilfov. sous le No 243/1038 T»*e postale acquittée en eapeees eenferméntent l*ordre No. 24.497|939 de la Direction Générale P. T. T. Le AÆoxiseiï.'t» Journal de Bucarest QUOTIDIEN ILLUSTRÉ D'INFORMATIONS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET SOCIALES _______________ ■ W. ... : : ’• ___________ 8 PAGE LE! 2, rue Arist. Demetriade, Té] 5 la n DIRECTEUR: ALFRED HEFTER Propriétaire: Le Moment S. A. Aux grandes fêtes de la Restau­ration qui se sont déroulées jeudi matin sur h stade *A. N. E. F. SA MAJESTÉ LE ROI s'adressant aux 15.000 „strajeri” présents a prononcé le discours suivant: * » * Strajeri ! ,,Ces mots s'adressent à tout d'abord à vous et vos commandants ; c'est à vous, ceux de la „Straja Tarii" que Je dois adresser, en ce jour qui est la fête de la jeunesse, Mes reme.­­dements les plus chaleureux pour tout votre travail ainsi que pour la manière dont vous, tous, avec un si bel élan, avez travaillé au dévelop­pement et au renforcement des jei­­nes générations". „Vous avez pleinement démontré que la devise: „Travail et foi pour le Pays et le Roi", n'est pas qu'un vain mot d'ordre mais bien un haut commandement qui doit être accompli sans hésitations et avec c­­mour pour le bien supérieur de la Patrie". „Quand Je regarde cette altière masse de la jeunesse roumaine, Mon coeur se remplit de joie et d'émc­­tion à la vue de cette voie gran­diose de renaissance et de progrès sur laquelle elle s'est engagée." „Appelés à une école de vie nou­velle, qui n'en est pas une, mais qui est la vie même, vous vous dirigez comme une armée invincible vers des rivages plus lumineux, vers des temps plus sains". „Nous ne pouvons pas nous éle­ver et nous renforcer uniquement par des mesures dont les résultats soient immédiats, mais aussi par une solide préparation de l'avenir". „Cet avenir est étroitement lié aux générations à venir, et voilà pourquoi J'ai fait cet appel aux en­fants de Mon Pays, ceux qui, en­fants aujourd'hui, seront les cito­yens de demain". „Nous voulons planter dans notre âme cette foi immuable dans la for­ce vivante de tout ce qui est rou­main, et accomplir par ie travail de chacun, le progrès de l'ensemble de la Nation". „Aucun progrès ne peut être é­­tayé sur une base solide, sans un travail persévérant et sans une foi inébranlable dans les aptitudes et dans la destinée, de la nation". „Une vie nouvelle, une vie d'é­lan, une vie de confiance dans I a­­venir de la Roumanie, voila ce qu'il faut demander aux jeunes fils du Pays". „Nous n'oublions pas et nous ne dédaiqnons pas le passe, mais nous regardons vers un avenir de plus en plus haut de la Roumanie de de­main". . „Nous avons un seul désir, un seul essor: „excelsior" 1 „L'école de la „Straja" est une école de vie, une école qui puise aux sources vivantes de la nature, des expériences quotidiennes". „Nous ne sommes pas une Rou­manie à ses débuts, mais nous som­mes les descendants de toute une série d'ancêtres qui ne s'arrête pas, nous sommes le trait d'union vivant entre hier et demain. Un „hier", avec ses faiblesses mais particulièrement avec ses vertus, un „dëftiâin" qui sera parfait". „Nous sommes l'elixir de vie nou­velle extrait de la synthèse de tou­tes les vertus ancestrales". „Pour le „strajer” il ne doit plus y avoir des temps difficiles et des temps aisés, il n'y a qu'une seule sorte de temps: ceux de la foi et du travail acharné pour le progrès". „La bonne humeur et la foi dans le destin de la nation, voilà les ver­tus principales qui doivent être toi­­jours présentes devant les yeux de ' notre esprit". 1 „Cette fête de la jeunesse est l'instant où chaque strajer doit des­cendre dans sa conscience et s'assu­rer s'il a eu vraiment la foi et s'il a travaillé pour son pays". „Si la „Straja" s'est dirigée vers les enfants cela n'empêche pas que ses mots d'ordre, son éçole de vie et sa morale, ne forment un code de conduite civique, qui devrait être ceux de tous et même lorsque la vie et ses exigences les auront forcés à quitter l'uniforme de la jeu­nesse". „Strajer n’est pas seulement celui qui porte sur l'épaule notre insigne, mais celui qui a une psychologie en propre, celui qui jusqu'à sa plus lointaine vieillesse vive activement dans la morale des strajeri". „Peu importe où il se trouve, mais celui qui est un d'antre nous, doit se distinguer plus qu'un autre, par son honnêteté, sa bonne humeur, sa foi, son amour du travail". „Mon coeur se remplit de joie en regardant la voie sur laquelle nous nous élançons et l'essor qui nous a fait partir"! „II faut toujours garder aussi vi­vante la foi, qui doif rester éternel­lement forte pour le bien de notre chère Patrie". „Aujourd'hui encore les Roumains peuvent se sentir fiers de voir les représentants des pays étrangers et amis qui sont venus assister à notre fête de la Straja Tarii". „Nous les saluons et leur disons de tout coeur: „Soyez les bien-venus !" „Pensez également en ce jour au nom que vous portez, car vous êtez les vigiles de l'avenir, donc vérita­blement la „Straja Tarii”. „Santé I" (hourrahs et ovations prolon­gées). LA FÊTE DU 8 JUIN L E ROI ET LA JEUNESSE LIRE PAGE 7: LES ULTIMES INSTRUCTIONS À M. STRANG, MESSAGER DU GOUVERNEMENT ANGLAIS AUPRÈS DEM. MOLOTOV. T Messieurs, Je suis heureux de pouvoir communiquer au nouveau Parle­ment, certaines impressions que j’ai recueillies au cours du long voyage que j’ai effectué à l’étran­ger, il y a quelques semaines. Je tiens à exprimer à cette occa­sion une fois de plus ma reeon naissance pour l’accueil si cha­leureux et si sincère qui m’a été réservé à Berlin, ou je fus l’hôte du gouvernement allemand, ainsi qu’en Belgique, en Grande Bre­tagne, en France, en Italie au Saint Siège et en Yougoslavie. Une amitié ancienne et éprou vée nous unit à certains de ces pays. Avec d’autres, nous som­mes heureux de pouvoir renfor cer des rapports de collaboration féconde et loyale. Partout, il m’a été donné de constater combien les liens poli­tiques et économiques avec no­tre pays sont appréciés et quelle grande confiance l’on accorde, en ces jours d’agitation et d’inquié­tude, à ce pacifique mot de pas-1 se: Roumanie. Exposant avec la même shreé > Cité, partout ou j’ai passé, la po­litique de la Roumanie, fondée L'unifé, la force et l'Inde sont considérées partosat et de Et j’ai compris, avec une satis­faction que je voudrais vous faire partager, que l’unité de notre pays, ainsi que sa force et son indépendance, sont considérées, partout, comme un principe d’or­dre et de paix. Il va de soi, Messieurs, que cet­te unité, aujourd’hui si puissam­ment consolidée, dépend de nous et de notre vaillance. Toute no tre énergie et toute notre volon­té soutenues sont indispensables, à tout instant, pour renforcer la sécurité de notre pays. Mais l’a­mitié qui nous est témoignée de toutes parts, nous permet en dé­pit de toutes les agitations, de remplir toutes nos obligatins, en pleine tranquillité de conscience, dans l’esprit de justice et avec la volonté de la paix. Ces obligations sont d’autant plus nombreuses que l’amitié qui nous est témoignée est plus géné-non pas sur la crainte ou de vai­nes habiletés, mais sur ses inté­rêts réels et ses aspirations jus­tifiées, j’ai pu me rendre compte que celui qui, même à cette époque ôragense, ä suffisamment d’auila ne pou« semer la paix, récolte la paix. pendonce de la Roumanie comme un principe d’ordre paix raie. Farmi les voix étrangères qui ont insisté sur ce fait, il en est une qui se demande: „Que veut la Roumanie? N’aspire t-elle pas, à une époque où, en politi­que internationale les camps se trouvent face à face, occupant des positions de combat, et quand tous les regards sont dirigés vers elle, à proposer une formule nou­velle?”. Nous répondons: Pourquoi pas? La formule que nous proposons n’est du reste pas si nouvelle. Son nom éveille des échos dans toutes les consciences: Europe. Il n’est guère nécessaire de fai­re des calculs compliqués pour dé­couvrir cette formule. R n’est non plus nécessaire de s’égarer dans des tâtonnements idéologiques. Le sens de la réalité y mène direc tement. Il n’existe pas, en effet, de réalité à laquelle nous nous heurtions plus souvent, en notre époque, que cette Europe qui ne peut vivre si nous ne trouvons pas, tous ensemble, le moyen de vivre les uns à côté des autres et qui, si elle venait à s’effondrer nous ensevelirait tous sous ses ruines. L'iifîité et l'indivisibilité de l’idée européenne J’ai senti l’unité et l’indivisibi­lité de l’idée européenne dans toutes les Capitales où j’ai passé, où la même civilisation brillante se déabt au bord du gouffre, pour ne pas s’v laisser glisser. Je me suis surtout rendu compte de cette unité européenne, en écoutant les pensées et les in­quiétudes des dirigeants avec les­quels j’ai eu l’honneur de parler. Je n’oublierai jamais les paroles par lesquelles le chef d’un puis sant Empire de notre continent, après m’avoir exposé ce que pour­rait être la guerre de demain, m’a prédit qu’à la fin du combat, vainqueurs et vaincus seraient couchés sous les mêmes ruines, sur une terre ravagée. J’ai porté ses purcUes, par Les­quelles s’exprimait Je façon précise et si plastique une con­si viction courageuse quant à l’im­possibilité de considérer la guerre, dans les circonstances actuelles, comme un but ou une solution, comme un message de paix dans chacun des pays que j’ai traversés. Et partout comme un écho com­préhensif, j’ai trouvé le témoigna­ge d’une même conviction. Il est vrai que la défaite de l’idée de guerre ne signifie pas encore la victoire de l’idée de paix. Car si partout règne une même opinion, quant à la guerre, chacun a sa propre opinion, quant à la paix. Nous traversons une époque d’a­gitations qui n’est ni la paix, ni la guerre. L’idée de mettre fin à ces agi­tations par la force, n’a pas en­core disparu. Nous voyons com­ment se multiplient les armements, comment les tranchées s’appro­fondissent, comment, de part et d’autre, s’étendent des fronts de combat. Nous vivons une époque militaire et héroïque à laquelle chaque peuple a le devoir de faire courageusement face. (Suite page 6) Le grand exposé de M. Gré go ire Gofenco à la Chamb re Notre politique extérieure se base: sur la volonté de notre peuple de vivre entier et libre/ et sur l’armée du pays M. GRÉGOIRE GAFENCO LA FÊTE DE LA JEUNESSE Sa Majesté le Roi agenouillé pendant le service religieux. Au second plan: M. Armand Calinesco,Pre­sident du Conseil. DIMANCHE 11 JUIN 1939 Mme ROOSEVELT-mère décorée par S. M, le Roi Carol II a fait hier à M. Gusti, haut com­missaire roumain à '’Exposition de New York, la professe de rendre sous peu visite à Bucarest Théâtre Izbanda Ili AN DA 1939, Revue en 2 actes et 60 tableau L’été se laissait désirer. On a décidé de le prendre d’as­saut. ■ Mais voilà: une hirondelle ne fait pas le printemps — ni un „jardin” rouvert, l’été. Aussi, le jardin — théâtre íz­banda et malgré son initiative pro­pitiatoire — n’eut-il pas raison de cet été qui persiste à se dérober. C’est dire que les frissons qui à mainte reprise parcouraient l’as­sistance, n’étaient pas toujours ceux de l’art — ni la chair de poule que l’on devinait à ces héroïques nudités, le simple effet de trac... Mais quoi que l’on dise, l’intré­pidité et une bonne dose de talent, eurent, l’autre soir frisquet, rai­son de l’anticyclone des Asores. La Revue Izbanda 1937 mérite bien son succès qui s’annonce du-Parlons qualité : C’est bien de L’art qu’il s’agit — celui qui n’a point besoin de recourir aux com­promis: celui de Ion Vasilesco et de Oleg Danowsky. Tant que ces deux noms se ver­ront accouplés sur une affiche, l’on peut être rassuré sur la tenue du spectacle. Musique avant tout — celle de Ion Vasilesco nous apporte à cha­que fois des trouvailles toutes fraîches et une émotion qui fuit les platitudes, la vulgarité et les répétitions. Elle crée, cette musique, un paysage tendrement léger si pro­pice aux évolutions de la danse que viennent parachever arabes­ques et mouvements d’ensemble, ornements mouvants où le talent d’Oleg Danowsky s’en donne à coeur joie. Autour d’eux se groupent un ensemble avenant et dont la plu­part des éléments nous sont fa­miliers; Avec Ileana Simo l’éton­nante partenaire d’Oleg Danows­ky, voici Nicolaide qui accumule intelligence, talent, verve comi­que, et un sens accompli de la composition en scène: Qu’il chan­te, qu’il danse ou bien qu’il débite ses monologues, c’est toujours a­­vec la même personnalité atta­chante. Signalons aussi parmi les vedettes Iordanesco Bruno qui trousse les sketchs avec une habi­leté bonhomme faisant pardonner plus d’une allusion licencieuse. Re­latons encore le beau succès de M. Dan Demetresco dans son travesti d'espagnole. Son numéro est un des plus réussis de la revue. Très amu­sant aussi dans le duo albanais aux côtés de l’inénarrable Gio­­vani. Parmi les autres vedettes mas­culines l'élégant Marcel Emilian, Titi Botez à la voix sentimentale et le pathétique M. Petculesco. Côté femmes, les vedettes mè­nent grand bruit; et, couvrant de sa voix gavroche les autres, Nutzi Pantazi fait des mains et des pieds, explosive comme toujours. Une surprise : Lulu Nicolau après une fructueuse retraite nous revient plus en forme que jamais (sans jeu de lùo'ts) sa bonne gaîté, tout épanouie en sourires, ses manières de traiter son publie à la bonne franquette semblent avoir gagné en attraits. EUGÈNE CERNATESCO (Suite page 2)

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