Nouvelle Revue de Hongrie 47. (1932)

Septembre - Kossuth et Napoléon III par Michel Bariska

Kossuth et Napoléon III Par Michel Bariska RÉVOLUTION hongroise du i$ mars 1848 et la guerre de l’indépendance qui la suivit constituent des étapes importantes dans l’histoire de la Hongrie. La relation du pays avec la maison d’Autriche change de face aussi bien que ses rapports avec l’étranger. La question hongroise, confinée jusqu’alors dans le cadre de la monarchie des Habsbourg, en franchit les frontières pour devenir, grâce aux efforts de Kossuth, un problème interna­tional. La capitulation de Világos obligea Louis Kossuth, l’ancien régent de Hongrie, à s’exiler. Dès qu’il eut regagné sa liberté d’action, il commença une campagne pour la restitu­tion des droits confisqués à la nation hongroise. Il fallut une dizaine d’années pour que son champ d’action, limité jusqu’à 1859 à la propagande orale et écrite, passât sur le terrain des réalisations pratiques. La guerre d’Italie de 1859 amena une alliance de l’émigration hongroise avec Napoléon III. « Dans l’activité multiforme de cette période de ma vie, dit Kossuth,1 il y a un incident qui est de nature à intéresser le lecteur français. C’est celui où la voie que je suivais se ren­contra avec l’orbite de cet étrange metéore qui, surgissant d’une mare de sang au 2 décembre, traversa le ciel politique de l’Europe pour aller s’éteindre dans une mare de honte, à Sedan. Il était alors au zénith de sa puissance ... Il paraissait être appelé à faire triompher le grand principe que les nations sont libres de disposer d’elles-mêmes par des plébiscites basés sur le suffrage universel. » C’est une coïncidence d’intérêts qui fit de Kossuth une sorte d’allié de l’empereur des Français. Napoléon III savait bien que la force de résistance de l’Autriche se trouverait con­sidérablement affaiblie si Kossuth, qui possédait la confiance du peuple hongrois, l’appelait aux armes contre l’ennemi commun. Il y eut donc bien avant la guerre des tentatives de rapproche­ment avec Kossuth et celui-ci entretint des relations constantes avec la cour impériale de Paris. 1 Souvenirs et Écrits de mon exil, Paris, 1880. Avant-propos X.

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