Revue de Hongrie 28-29. (1923)

15 janvier - Chronique littéraire - A l'occasion du centenaire de Petőfi, par M. le Dr. Béla de Téglás

42 REVUE DE HONGRIE senta, le lendemain, Coppélia, de Delibes, et le dernier acte de Hé­­rodiade, de Massenet. Enfin, le 12 août, nos hôtes français se rendirent devant la statue de Petőfi, élevée au bord du Danube, près de la place où Prosper Mérimée débarqua autrefois, en arrivant à Budapest. On remarqua que, pour donner plus de solennité à la fête, ils étaient tous en habit. Une garde d’honneur, formée de jeunes gens en grande tenue, les précédait ; et quand, conduits par Coppée et Lesseps, ils arri­vèrent devant la statue, une immense acclamation s’éleva de la foule, tandis que, des fenêtres, on agita des mouchoirs vers ces Français qui ont tenu à rendre hommage à notre poète national. C’est Ferdinand de Lesseps, membre de l’Académie Française, le génial constructeur du canal de Suez, qui prit le premier la parole, en faisant ressortir que Petőfi était non seulement un grand poète, mais un ardent patriote qui, s’étant engagé, pendant la guerre d’in­dépendance de 1848—49, sacrifia sa vie pour la patrie. Puis, François Coppée récita, d’une voix portant au loin, le poème intitulé A Petőfi qu’il avait écrit pour cette occasion, et dont nous extrayons les strophes suivantes : Comme en quittant la bonne et généreuse hôtesse Qui lui fit place au feu dans la froide saison, Un pauvre voyageur, pris soudain de tristesse, Baise au front longuement l’enfant de la maison ; Ainsi nous, les Français, hôtes de la Hongrie, Vers toi, des fleurs en main, nous sommes accourus, Soldat-poète, ô fils si cher à la patrie, Qui pour elle chantas et pour elle mourus ! Oh ! brûler de génie et périr à la guerre ! Se dresser en airain et mourir sans tombeau !... Mais je ne te plains pas et t’envie, ô mon frère ! Nul sort plus que le tien n’est héroïque et beau. Le public écoutait, dans un silence religieux, le grand poète, et dont la diction révéla toutes les beautés de la langue française. Et lorsque cessèrent les applaudissements frénétiques, au mo­ment où il descendit de la tribune, M. François Pulszky, directeur du Musée National Hongrois, rappela, en remerciant Coppée, ainsi que les Français présents, d’avoir apporté leur hommage à Petőfi, que celui-ci fut un des propagateurs les plus fervents de la poésie française. Tout le monde connaît — dit-il — son poème célèbre : A Béranger ; on l’apprend dans les écoles hongroises ; et s’il voyait

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