Revue des études hongroises et finno-ougriennes 1. (1923)

1923 / 1-2. szám - Jenő Kastner: Petőfi (1823-1849)

PETŐFI (1823-1849) I. — L’évolution du poète. « Le monde est le jardin de Dieu. Hommes! vous en êtes les fleurs et les mauvaises herbes. Petit grain semé dans ce jardin, peut-être, avec l'aide de Dieu, ne serai-je pas une mauvaise herbe. » Le poète qui à vingt-deux ans écrivait ces vers est devenu la lleur la plus magnifique qu’ait donnée la terre hongroise, dans ce jardin imaginaire, et c’est une gloire pour nous que de pouvoir le mettre aux côtés des plus grands, dont les centenaires sont célébrés parle monde entier. Il n’a point « maigri des années durant sur un long poème », il n’a point fouillé pendant des années les replis du cœur humain. Il n’a fait que venir et disparaître. Six années sont peu de chose pour une carrière poétique, et vingt-huit pour une vie. Et pourtant, ces six printemps ont vu se réaliser tant de rêves, ces vingt-huit années recèlent tant de trésors impé­rissables... En effet, Petőfi, comme tous les grands lyriques, aimait à se raconter lui-même et, les portraits où il se peint sont comme les nuages, qui prennent incessamment des formes nouvelles ; cependant quelque chose y demeure constant: une âme charmante et passionnée, franche et droite, qu’enthousiasme tout ce qui est beau et grand : une fleur au jardin de Dieu.

Next