Le Moment, Octobre 1938 (Année 6, no. 1084-1110)
1938-10-27 / no. 1106
BUCAREST ANNÉE-No. ||Q6 BUCAREST 15. RUE EREZQIANU Rédaction, Administration Tél. 3.10.40* Direction : Téléphone 4.23.34 IMPRIMERIE et Ateliers de Photogravure „Le Moment" 2, rue Arist. Demetriade. Tél. 5.19.9 IJ DIR UCTETJR : ALFRED HEFTER Propriétaire „Le Moment" S. A. Ta» pariai« payla <Uree>«m«nt, conPorm.ment l'approbation No. 247(1933 da F. I. T. g Pages S Lei Inscrit au registre de publications du Trib. d’ilfov, sous le No. 243/1938Le Moment Journal de Bucarest QUOTIDIEN ILLUSTRÉ D'INFORMATIONS POLITIQUES. ÉCONOMIQUES ET SOCIALES LA NOUVELLE EUROPE DANUBIENNE Budapest, octobre 1938 L’Europe danubienne se trouve, à nouveau, à un tournant de son histoire si tourmentée. Le système d’Etats construit par les traités de paix sur les ruines de l’ancienne monarchie danubienne, n’a pas eu une longue existence. En 1919, on a créé une nouvelle Europe danubienne en s’inspirant du principe national. Mais les traités de paix n’ont pas tenu suffisamment compte des revendications nationales et territoriales. Ainsi s’est-il fait que le dynamisme du Troisième Reich ® agi avec un succès d’autant plus grand; il a mis en mouvement un mélange de peuples qui tente maintenant de trouver de nouvelles formes pratiques d’existence. Une nouvelle Europe danubienne émerge du flot chaotique des événements d’après guerre, réduite il est vrai en étendue, mais cependant plus homogène et plus viable de par sa nature interne. Le rattachement de l’Autriche au Reich, et la séparation territoires sur le pourtour de des la Tchécoslovaquie, ont modifié la structure géographique, politique et économique de l’Europe danubienne. L’espace danubien, qui englobait jadis l’empire des Habsbourg et les principautés du Danube, a continué d’exister sur une autre forme dans les traité,:. <Tt paix. Le retrait des régions alpines, du Boehmer Wald, de l’Erzgebirge et des Sudètes, a détruit la physionomie fermée, unifiée, et stabilisée depuis plus d’un millénaire. LA NOUVELLE EUROPE DANU-Le professeur HANTOS, le célèbre économiste de l'Université de Budapest, nous envoie cet article particulièrement important sur les conséquences économiques qui résultent pour les pays danubiens, de l'incorporation de l'Autriche et des pays Sudètes à l'Allemagne. L'ancien sous-secrétaire d'Etat expose un plan de collaboration de ces cinq pays agricoles. BIENNE A PERDU CENT MILLE KILOMÈTRES CARRÉS DE SUPERFICIE, ET DIX MILLIONS D’HABITANTS. Elle représente encore une superficie de HUIT CENT CINQUANTE MILLE kilomètres carrés. (Allemagne: cinq cent quatre vingt mille kilomètres carrés) avec une population d’environ 75 MILLIONS d’habitants. En tête des Etats danubiens, vient par ordre de grandeur. LA ROUMANIE, avec une superficie de près de trois cent mille kilomètres carrés, et une population d’environ vingt millions d’âmes. Puis vient LA YOUGOSLAVIE, avec deux cent cinquate mille kilomètres carrés de superficie, et une population d’environ quinze millions d’habitants. Viennent ensuite les petits Etats, LA HONGRIE, LA TCHÉCOSLOVAQUIE et LA BULGARIE, chacun d’une superficie dépassant un pen cent kilomètres carrés, et une population variant de sept à onze millions d’habitants. Par suite des remaniements tout récents, le bassin danubien géographique et historique, qui a servi pendant des siècles de base d’unité étatique, a disparu. La nouvelle Europe danubienne se trouve en conséquence politiquement plus homogène; elle n'est plus le siège de ces tensions nationales, dont la solution, en raison de l’immense pression de puissants voisins, n’apparaissait plus comme possible dans le cadre de la politique intérieure. Le tragique de la situation de l’ancienne monarchie danubienne résidait déjà dans le fait qu’elle n’avait pas réuni dans son sein des nations entières, mais des tronçons qui aspiraient naturellement à en sortir pour se rattacher aux Etats nationaux qui les avoisinaient. L’existence de la monarchie austro-hongroise n’aurait pas pu résister à la longue à ces aspirations. Aussi le processus de désintégration commença-t-il dès la fin de la guerre. D’abord les Italiens, puis les Polonais, et enfin les Allemands, se retirèrent du domaine Professeur Dr. ELEMER HANTOS Ancien Sous-Secrétaire d’Etat de Hongrie Professeur à l’Université de Budapest (Suite page 6) Limiter les armements? Impossible! (De notre correspondant particulier) Londres, octobre 1938 gm. La situation politi que de la Grande Bre- Avl f&h tagne se développe suijP&M§r^ vant des lignes intéres• ** santés. Le changement le plus important en est peut-être que les Affaires Etrangères ne soient plus l'objet principal des conversations dans les milieux politiques. Le réarmement et les nouvelles mesures de défense tiennent la première place. Dans tout l’Empire Britannique, l'opinion publique et politique a enregistré les événements des dernières semaines, avec un calme solennel. La politique de M. Chamberlain est acceptée par tous. Il y a bien entendu, certaines critiques vigoureuses, mais les masses sentent instinctivement que le gouvernement s’est engagé dans la voie la plus juste. Le fait que le réarmement et la défense sont actuellement principal des conversations, l'objet indique clairement que la plupart d'entre nous ne considérons pas l'avenir avec beaucoup d'indifférence. L'inquiétude profonde est devenue générale, non seulement à travers l’Empire, mais aux Etats Unis aussi. Cela n'est pas dû la crainte des intérêts territoriaux à du monde de langue anglaise, car nous nous sentons parfaitement capables d’en avoir soin. La raison de notre inquiétude est beaucoup plus impersonnelle. Nous sommes choqués par les événements terribles qui se déploient maintenant devant nos yeux et qui inspirent de la peur. En Extrême Orient la guerre fait des ravages qui provoquent des pertes formidables en hommes et des horreurs indicibles. En Espagne la guerre civile continue toujours, accompagnée de massacres sans fin. Partout ailleurs des forces sont au travail, essayant de détruire la religion, la liberté individuelle et toutes ces choses magnifiques que les Anglais apprécient par dessus tout. L’église est certainement menacée en Europe. Les minorités sont poussées de plus en plus loin vers un mur d'acier, au delà duquel elles ne peuvent pas se retirer, mais contre lequel, si la providence n'intervient, elles s’écraseront certainement. Nous ne pouvons pas nous en désintéresser. Ce problème est d'autant plus important, que personne n'en a encore trouvé la solution. Ce n'est pas servir nos intérêts que de provoquer une guerre mondiale pour mettre une fin à ces horreurs moindres, mais fâcheuses. Notre devoir, à notre avis, est plutôt d'influencer le monde, que de le combattre. Des circonstances peuvent se déclencher bien entendu, où nous soyons appelés à frapper de toute notre force, mais avant de prendre une telle décision nous devons avoir par dessus tout la certitude que l’influence et la diplomatie ne peuvent plus solutionner les problèmes que l'humanité doit envisager. Nos efforts diplomatiques n'auront pas de force avant que nos armes ne soient sans rival. De puissants cercles politiques recommandent certaines mesures spéciales, pour la Grande Bretagne, les adopter aurait, à tous les points de vue, un grand effet sur la vie de l’Empire. La première mesure recommandée par ces cercles est la création urgente d‘un ministère de l'Approvisionnement, pourvu de pleins pouvoirs. On propose que ce ministère soit seulement responsable de l'approvisionnement en matériel de guerre des trois forces combattantes et que toutes les choses nécessaires à l'Amirauté, au Ministère de la «nerre et au Ministère de l'Air, soient réquisitionnées par ce nouveau ministère. Ce ministère aura l'autorité du Parlement pour mobiliser l'industrie et demander la priorité des manufactures, en ce qui concerne les munitions. Le mot „munitions’* s'applique bien entendu à tous les approvisionnements que nécessitent les forces armées. La tâche d’un tel département sera aussi de préparer un registre de toutes les res-KENNETH DE COURCY Secrétaire de l’Imperial Policy Group (Suite page 6) IfOlïï iUSÜrrsEa Le 25 octobre 1938 Le Garde des Sceaux, dans son discours de Cernautzi, a jeté dans la discussion publique, avec beaucoup de talent et d'autorité, l’idée de l’organisation collective de la nation, comme représentante homogène et unique de toutes les forces productives, morales, intellectuelles et économiques. * * * Le peuple ne renonce jamais à l'idée et au besoin de se faire représenter. Dans ce but, il cherche en premier lieu un Chef, qui, par sa force et son prestige doit constituer le grand mythe national, et ensuite dès hommes destinés à déchiffrer, à interpréter sa volonté et ses intérêts. L'organisation collective de la nation doit procéder à la sélection des cadres et à rétablissement de la hiérarchie. Cette sélection commence avec l'admission même dans l'organisation collective et se précise dans le système de la distribution des emplois et des charges. Et les plus qualifiés sont appellés^ par la variété de leurs aptitudes et la confiance qu'on leur attribue, au titre de secrétaire, qui dans les organisations locales ou centrales, portent les plus importantes responsabilités. Dans l’organisation collective de la nation roumaine, telle qu'elle s’impose et se définit par l'évolution de nos moeurs et par le déterminisme local, ne saura présenter aucun caractère d’ordre militaire. Elle porte la marque des mouvements issus de l'impératif d'un siècle, lesquels mouvements rongent tous les partis et condamnent sévèrement le partidisme. Elle est le terme fatal d'un processus, qui doit garantir la nation contre tous les dangers de l'intérieur et de l'extérieur et sans être née en temps de guerre, sa grande mission est de pouvoir faire face à n'importe quelle guerre. Sans être un phénomène révolutionnaire, elle se précise comme un barrage solide et indéfectible à toutes les révolutions destructives. Elle marque ainsi une grande victoire contre l'esprit d'opposition, contre le d’intrigue, négativisme et le défaitisme, et la décomposition morale. Devant le peuple, cette organisation ne pourra présenter autre chose qu'une vaste synthèse de toutes les activités publiques et productives, et le jour où la nation voudra choisir ses élus, elle le fera sur les listes uniques où figureront les membres de cette organisation collective. En réalisant de cette manière une unification politique et na-tionale, dans le but d’offrir aux fonctions permanentes du peuple la liberté de s’affirmer et d'agir, l'organisation collective, tout en garantissant la stabilité politique, peut se permettre d'établir les institutions où les intérêts conjugués de toutes les corporations trouveront leur expression loyale et directe. Sans être une organisation de milices, elle pourra agir dans toutes les cellules de l'Etat et de la société, elle garantira l'ordre, la discipline et cela, avec l’appui le plus large que lui accordera sans faute la jeunesse, groupée dans les „Strajeri". Cette conception ne peut pas se confondre avec les diverses organisations des partis uniques de l'U. R. S. S., de l’Allemagne, de la Turquie, de 1‘Italie ou du Portugal. Elle aura un caractère national bien défini, afin de laisser au peuple le maximum de liberté, jusqu’à la limite normale de la discipline nationale et du principe de l'autorité et de l'unité. Les organes de cette organisatien seront les cadres mêmes de l’opinion publique, appelée à établir le contact direct avec les organes titulaires de l’Etat, mieux renforcer le caractère pour populaire du régime. Nous sommes persuadés qu'en peu de temps, l'unanimité du pays se reflétera tion collective, dans cette organisasur laquelle s’étayera la force, l'autorité du régime, dont le Chef Suprême restera le grand éducateur et initiateur. ALFRED HEFTER POUR LA SAINT DÉMÊTRE Le jour de la Saint Démètre est de tradition le jour où on déménagé. LE GLOBE: Et vous, mon locataire, n’êtea-vous pas disposé a déménager une honne fois?.. JEUDI 27 OCTOBRE 1938 M. METAXAS chef du gouvernement grec, dans son discours de réception à l’Ecole Politechnique d’Athènes a relevé hier l’importance de la cohésion des efforts individuels dans l’intérêt collectif de la nation IMPRESSIONS DE GRÈCE La lumineuse Athènes Athènes octobre 1938 Je ne sais si une autre ville art monde mérite ce nom, comme le mérite Athènes. Dès l'instant où nous approchâmes du Pirée tout devint transparent, l'air, la lumière, la couleur. Le Pirée est un port plat, son emplacement n'a rien de spécial, des quantités de bateaux se pressent près du rivage entouré de bâtisses quelconques, mais cette lumière grecque absolument INCOMPARABLE transforme cela d’un seul coup. Quel régal pour un oeil de peintre que cette variation infinie de gris colorés! Des richesses d'Istanbul il ne reste ici que finesse de ton, délicatesse. Voilà ce qui caractérise la Grèce, jamais un ton cru, brutal, tout se fond harmonieusement, rien n'exagère, ni dans un sens ni dans l'autre. De voir le jour se lever sur un paysage grec, l’intensifier peu à peu, puis le délaisser noyant le tout sous une vapeur rose, est une des plus belles jouissances de l’oeil que l'on puisse désirer. On pourrait appeler Athènes non seulement la lumineuse, mais aussi la ville du marbre yon en voit partout. J'habite salon l'opinion du guide bleu, une des plus belles rues d'Athènes, la rue du Stade. En effet, ses larges trottoirs — de marbre naturellement — sont délicieux à la semelle, on s'y promènerait du matin au soir. C’est d’ailleurs ce qui y font les Athéniens. De grand matin on les voit déambuler, vêtus de clair, de gris, causant, riant et dévisageant les femmes. Oui, voilà la préoccupation quotidienne de messieurs les Grecs, aussitôt qu'ils voient une jupe pan, ça y est! Yeux braqués! S'il est du peuple, ou du faubourg, „mitoean’' comme on dit chez nous, il y va de sa petite réflexion. Bon! Et les Athéniennes? Elles sont charmantes, discrètement fardées — moins que la Roumaine — elles vont tête nue, le cheveu luisant, enroulé en coques, torsade et annelé à la dernière mode. Elles marchant droites, la poitrine — qu'elles ont plutôt bien faite — en avant et trottent gentiment. Je vous assure qu’il y en a qui ressemblent à leurs LUCIE DEM. BALACESCO j |Suite page 6)j U/v^lAcPiee. S