Acta Litteraria Academiae Scientiarum Hungaricae 16. (1974)

1974 / 1-2. szám - Baróti Dezső: Csokonai et la littérature mondiale

ActaLitteraria Academiae Scientiarum Hungaricae Tomus 16 (1 — 2), pp. 13—23 (1971) Csokonai et la littérature mondiale Par Dezső Baróti (Budapest) Nous avons, il y a quelque temps, commémoré le 200e anniversaire de la naissance de Mihály Csokonai Vitéz, le grand poète lyrique hongrois du siècle de la philosophie, celui qui fit génialement aboutir 1 e style des Lumières dans nos lettres. Csokonai, le premier de nos auteurs à vouloir porter le titre de « citoyen du monde » est né le 17 novembre 1773, dans cette ville de Debrecen, en Hon­grie orientale, qui a été le centre le plus important du calvinisme dans notre pays et qu’on a aussi nommé la Genève hongroise. Par son mariage, son père - un chirurgien, maître de la corporation locale — s’était apparenté aux gran­des familles patriciennes de Debrecen; mais il mourut prématurément, son fils n’étant encore que dans sa treizième année et celui-ci dut, après réflexion, comprendre rapidement qu’il ne pouvait compter — tel Rousseau que comme citoyen de bas dans cette cité bourgeoise sur laquelle pesait aussi bien l’absolu­tisme de la Cour de Vienne opprimant la Hongrie que le féodalisme national. Au cours de sa brève existence, Csokonai n’a jamais pu s’arracher à sa condition plébéienne et, jusqu’à sa mort en 1805, pas un seul jour il ne connut la sécurité même la plus modeste dans son existence. Pourtant, au Collège de Debrecen où il poursuivait ses études, ses professeurs avaient remarqué très tôt son exceptionnel talent. Il avait assimilé la langue de l’enseignement, le latin, et le grec, l’italien et le français, cette dernière langue lui permettant de se fami­liariser, dans une grande mesure, avec les lettres anglaises aussi. Tout enfant, il faisait d’excellents vers en latin, tandis que ses prémices en hongrois révélaient non seulement un habile versificateur, mais encore un poète de grand talent. Après avoir suivi les cours de philosophie, il passa, toujours au même Collège à ceux de théologie; en même temps, il se voyait confier la classe de poétique de cette institution et il y enseigna selon des méthodes d’une insolite liberté à l’époque plus précisément, en rejetant audacieusement les méthodes tradi­tionnellement implantées. Pour avoir enfreint le règlement, il fut à plusieurs reprises chapitré et, en juin 1795, définitivement exclu du Collège de Debrecen. Le conseil de discipline n’avait motivé sa décision que par la transgression répétée des règles établies; cependant, les biographes de Csokonai supposent de plein droit que la mesure prise dans l’atmosphère de terreur générale du pays Acta Litteraria Academiae Scientiarum Hungaricae 16, 1074

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