Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 2. kötet, 1763 (Suite du recueil de planches, sur des sciences, des arts libéraux et les arts de méchaniques, avec leur explication)

Premiere partie - Caracteres et alphabets de langues mortes & vivantes

ALPHABETS ANCIENS. perpendiculaire , la houppe ou le point, les deux lignes courbes, & une autre ligne perpendiculaire qui eft terminée en bas en forme de crochet. Ces fix traits différemment combinés entr’eux & répé­tés plus ou moins de fois , forment les 214 clés ou caraderes radicaux auxquels fe rapportent les 80000 caraderes dont la langue chinoife eft com­­pofée ; car ces 214 caraderes radicaux font les vé­ritables élémens de cette écriture , & il réfulte de leur combinaifon entr’eux , le nombre prodigieux de caractères dont je viens de parler. On remar­quera que ces clés font rangées félon le nombre de leurs traits. Elles commencent par les caraderes d’un feul trait, & finiffent par ceux qui en ont le plus. Les Chinois obfervent ce même ordre dans leurs didionnaires par clés. Les caractères qui ap­partiennent à chacune de ces lettres radicales , fe rangent à leur fuite & dans l’ordre que la quantité de leurs traits leur donne. Mais il eft bon d’avertir qu’on ne trouveroit pas aifément le nombre des traits fi l’on ne faifoit point attention au coup de pinceau qui les trace ; car , par exemple, tous les quarrés , comme le 30, 31 & 44 que l’on voit dans la planche , 11e font com­pofés que de trois traits , quoiqu’ils femblent en avoir quatre, parce que la ligne fupérieure & celle qui lui eft attachée & defeend fur la droite , fe fait d’un feul coup de pinceau. Au refte , comme nous avons obfervé de marquer le nombre des traits , il fera plus aifé de chercher le nombre donné, & on s’accoutumera ainfi en peu d’heures à les compter à la maniéré des Chinois. Voici maintenant l’explication des 214 clés chi­noifes. 1. Ye , ou Y , unité , perfedion , droiture. 2. * Kuen , germe qui pouffe. 3. Tien tchu , point, rondeur , houppe. 4- Pie , courbure en-de dans ou à droite. f. Ye , courbure en-dehors ou à gauche, trouble. 6. Kiue , croc , arrêt. 7. Eul, deux, les chofes doublées, la répétition. 8- Theou , tête élevée, oppofition. 9. Gin , l'homme, £5? tout ce qui en dépend. 10. Gin, le foutien , l'élévation en l'air. 11. Ge , l'entrée , /’intérieur , l'union avec. 12. Pa , huit, l'égalité, la fimultanéité. 13. * Kiong, la couverture entière, comme d'un voile, d'tin cafque, d'un bonnet. 14. ** Mie, la couverture partiale, le fommet, le comble. 1 5". ** Ping, l'eau qui gele, la glace , l'hyver. 16. Ky , table , banc , appui, fermeté, totalité. 17. Khan & Kien , enfoncement, abyme , chute, branches élevées. Ig. Tao , couteau , couper , fendre. 19. Lie, force , la jondion de deux chofes. 20. Pao , l'ad ion d'embraffer , d'envelopper ; de-là, canon. 21. Pi, cuillier , fpatule , fonte d'eau , de métal. 2 2. Fang, tout quarré qui renferme, coffre, armoire. 23- Hi, toute boite dont le couvercle fe leve , ap­pentis , aqueduc, petit coffre à charnière. 24. Che , dix, la perfedion, l'extrémité. 2$é Pou , jetter les forts , percer tin rocher, une mine. 26. Tçie , tadion de tailler, graver, fceller. 27. Han , les lieux efearpés, les rochers, les antres. 28- Tçu , les chofes angulaires, traverfées à 3 , ffjc. 29. * Yeou , l'adion d'avoir , recevoir, de joindre & croifer l'un fur l'autre. 30. Kheoù, la bouche ff tout ce qui ai dépend, comme parler , mordre, avaler, ffjc. 31. Au, les enclos, jardin , royaume, entourer. D n car le nombre n’en peut être borné j & il ed aifé, & même quelquefois néceifaire d’en compofer de nouveaux, lorfque l’occafion l’exige & que l’efprit humain étendant fes bornes , parvient à de nou­velles connoiifances. Je penfe que dans les commencemens , le nom­bre des caraderes chinois n’excédoit pas celui des monofyllabes dont nous avons parié ci - deiîus ; c’eft-à-dire, qu’il n’alloit qu’à environ 328 > mais ce que je ne conçois point, c’eft que ces caraderes fe foient multipliés à l’infini, & qu’on n’ait point imaginé de nouveaux fons pour les faire entendre à l’oreille. Il y a dans cette conduite des Chinois quelque chofe d’extraordinaire & de difficile a com­prendre , car fi la comparaifon des caraderes chi­nois avec 110s caraderes numériques elt jufte, on conviendra qu’il feroit impoffibîe de faire entendre la valeur de ces chiffres , fi Ton n’avoit point ima­giné autant de mots qui les préfentaffent à l’oreille, comme l’écriture les diftingue aux yeux. Dans l’origine , les caraderes chinois étoient, comme ceux des Egyptiens, autant d’images qui re­­préfentoient les objets mêmes qu’on vouloit expri­mer ; & c'eft ce qui a porté plufieurs favans hom­mes à foupçonner que les Chinois tiroient leur ori­gine des Egyptiens, ou que ces derniers venoient des premiers, & que leur écriture ne devoit point être différente. On a prétendu plus encore il y a quelques années, on a voulu infinuer qu’une par­tie des caraderes chinois étoit formée de l’affem­­blage de deux ou trois lettres radicales emprun­tées de l’alphabet des Egyptiens ou de celui des Phéniciens ; & que ces lettres déchiffrées & liées fuivant leur valeur , foit égyptienne , foit phéni­cienne , fignifioient précifément ce que ces mêmes caraderes étoient deftinés à exprimer chez les Chi­nois. On voulut appuyer ce fyftême par l’hiftoire des Egyptiens & des Chinois, & on prétendit prou­ver que les noms des empereurs chinois des deux premières dynafties Hià & Chang , écrits en carac­tères chinois , mais lus à l’égyptienne ou à la phé­nicienne , félon le fyftême dont on vient de parler , offroient les noms de Menés , de Thot & des autres rois d’Egypte , fuivant le rang qu’ils occupent dans le canon d’Eratofthenes. Ce fyftême fembloit pro­mettre de grands changemens dans l’hiftoire , & ouvrir une nouvelle carrière aux chronologiftes ; mais malheureufement il eft demeuré fyftême , & j’ofe defefipérer ' que jamais on ne pourra alléguer la moindre autorité qui puilfe le rendre plaufible. Ce n’eft point là non plus l’idée que l’on doit fe former des caraderes chinois. A l’exception d’un certain nombre de ces carac­tères qui n’ont qu’un rapport d’inftitution avec les chofes lignifiées, tous les autres font repréfentatifs des objets mêmes. Les chofes incorporelles , telles que les rapports & les adions des êtres, nos idées, nos paffions , nos fentimens , font exprimées dans cette écriture d’une maniéré fymboîique mais éga­lement figurée, à caufe des rapports fenfibles que l’on remarque entre ces repréfentations & les qua­lités , les fentimens & les paffions des êtres vivans. Les Chinois, les Egyptiens , les Mexicains & quel­ques peuples encore ont imaginé ces fortes de ca­ractères , fans pour cela qu’on puilfe foupçonner qu’ils fe foient copiés les uns les autres. L’embar­ras qui réfultoit de cette écriture , & la difficulté de tracer avec exactitude des caraderes compofés d’un grand nombre de traits irréguliers , engagea avec le tems les Chinois à alfujettir tous leurs caraderes à une forme fixe & quarrée. En effet, tous les caraderes chinois font compofés des fix traits primordiaux qu’on remarque à la tête des clés chinoifes, & qui font la ligne droite, la ligne 19. Caraderes & Alphabets.

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