Le Moment, Novembre 1939 (Année 7, no. 1400-1424)

1939-11-01 / no. 1400

CARNET DD JOUR MARDI 31 OCTOBRE THEATRES OPERA ROMANA: „Gianni SchichI” at ,,Paillasse". THEATRE REGINA MARIA: ,fLa femme en blanc”. THEATRE DE SARINDAR: ,fLe cheval allé”. COMOEDIA: „Deux gifles”. TRAVAIT ET LOISIRS: „Sherlock Holmes”. ALHAMBRA : .Alhambra ALHAMBRA.BABY - Revue. 4.12.86” SAVOY’- „Brodway.Tanase”. LIGUE CULTURELLE : „Le vaga­bond”. CINEMAS ARO: „La nuit du destin” avec Za. rah Leander et Marika Rökk CARLTON: „Une aventure déses­pérée”. CAPITOL: „Allo, Janine”. SCALA: „Adieu, Monsieur Chips”. TRIANON: „Haika”. REGAL: „Tout pour l’amour” et „La France est défendue”. ROXY: „Le sacrifice suprême” SELECT: „Hommes sacrifiés”. ELYSÉE: „Les Emigrants”. ARPA: „Au nom de la loi”, FEMINA: „Je ne veux pas mourir”. PALAS: „Le masque de l’amour” et „Gunga Din” FORUM: „Sabotage” et „La tenta, tion”. BYZANTIN: „Zorro”. FRANKLIN: „Trois camarades” et „Le mannequin” avec Joan Crow, ford. RIALTO: „Bosphore” et „Ma femme, soubrette”. MARNA: „La nuit des souvenirs" et „La mission du Dr. Kildare”. MILANO: „Les Cosaques” et „Je chante pour loi”. MIORITZA: „La nuit des souvenirs” avec Jean Gabin et „Le paradis des amoreux”. JZBANDAô „Les Emigrants”. MARCONI: „Le rappel” avec von Stroheim et „Capricio”. TOMIS: „Jeune fille d'aujourd'hui” et „Mon cousin de la campagne”. NISSA: „Caoutchouc” et „Un drame à Shanghai”. OMNIA: „Les hommes qui affrontent la mort” et „Jeunesse est bei'e”. PACHE: „La citadelle” et ,.Le club des mabouls”, . Le Moment LES ÉMISSIONS DE IA JOURNÉE MARDI, 31 OCTOBRE 1939 1875 tn. RADIO ROUMANIE 364.5 m. RADIO BUCAREST RADIO ROUMANIE 12.00: L’heure exacte. L’étiage des eaux du Danube et de la barre de Su­­îina. Conseils de ménage et d’hygièae. 12.10: Musique variée (disques). RADIO ROUMANIE 13.00: RADIO BUCAREST L’heure exacte. Nouvelles radiophoniques. Sports. Diverses. 13.10: Jazz et musique légère (-i.s. ques). 14.00: Radio.journai. 14.70: Rythmes tahitiens de la collection Mao Constantlnesco. 14.40: Doina Suchici (accordéeon) accompagné d’un „tarai”: Chants et danses d'O!» ténie. 1500: Spectacles. Nouvelles ar­­tistiques et culturelles. Publications. RADIO ROUMANIE 19.00: L’heure exacte. Bu'letin mé­téorologique. 19.02: Chronique dra­matique et cinématographique. "917: Musique d’instruments dtvers (dis. ques). 19.50: Radio.joumal en hon­grois. RADIO ROUMANIE, RADIO BUCAREST 20.00: Le jour de l'épargne, — eau- les courts L. L. M. M. le Roi et la Reine de Grande Bretagne, ainsi que la Princesse Héritière, sont rentrés lundi au Palais de Buckingham, venant du château de Windsor, où ils ont passé le dimanche. « * • Grâce à l’initiative de S. M. la Reine Marie de Yougoslavie, sont créés de nombreux „foyers didac­tiques” dans différentes localités yougoslaves. Dimanche, S M. la Reine Ma­rie a posé la première pierre dn foyer scolaire de Belgrade, qui portera Son nom. « • « Le Roi Léopold des Belges et la Famille Royale ont assisté diman­che dernier à une messe „pour la paix”, officiée en l’église Saint Mi­chel et Gudnle. AMBASSADES »71 LÉGATIONS Le ministre des Affaires Etrangères et Mme Grégoire Gafenco ont offert samedi, 28 octobre, un dîner auquel assistaient l'ambassadeur de Roumanie à Belgrade et Mme Cadere, M. Va­sile Stoica, ambassadeur de Roumanie à Ankara, M. N. Diano, ministre de Roumanie à La Haye, Mme Pallady j Mme Eugène Filotti, Mme Magda Sturza, le conseiller d'ambassaade el ! Mme Victor Brabetziano, le conseil­ler de Légation N. Dimitresco, M. Ion Pusca, premier sécrétaire de Légation, directeur de cabinet, et M. Livio Pop, chef de cabinet. DISTINCTION« S. M. le Roi vient de signer le de­cret conférant post mortem à l'ancien président du conseil, Armand Cali. nesco, l’ordre ,,Carol l-er” au grade de chevalier-grand’croix. Par arrêté ministériel ont été auto­risés à accepter et à porter les in signes de distinctions étrangères MM. le commandeur aide de camp Préda Fundatzeano, l'ordre de la .Couronne d’Italie” au grade de commandeur, l’ing. Constantin D. Busila, la Légion d'Honneur au grade d'officier, Si­meon S. Ciornef. administrateur délé­gué de l’Agence Roumaine Hachette, l'ordre de la Légion d'Honneur au grade de chevalier, Nicolas V. Deme­­triad, chei de la police de Turda, la „Couronne de Yougoslavie" au grade d'officier, ,,St. Sava” au grade de ehe­­valier (yougoslave), le capitaine Xe­nophon Tarnavschi, du 8 ème régiment de Chasseurs, l'insigne du Corps des Garde frontières polonais", le dr. Dé­mètre D. Turnesco, la „Médaille d’hon neur d’Argent” (Récompensa pour belles actions, français). güTfi T.ia,i j uuirirriTmirwiinr— ■miuimnrm-mminini'Six—mrwiiiwin mu Serie du prof. Gheror. Ne-ta. 20 13: Mme Caliopi Gheorghiv-Vlllea (chant) Chant roumains. 20.32: Enaiti Busuio­­ceano (saxophone). 20 45 Radi--jour­nal (I). 2100: Concert Brahms (Or. chestre Radio dirigé par Th. Roga!* síi; Gabriel Naruja-chant), 22.00: L'ensemble viennois „Kreuzer" (quar­tet et Mme Rosi Baumanr.Radulesco (chant): Chansons et danses tyrolai. ses 22.30: Radio journal (II). Sport. 22.50: Mme Florica Mereutza (piano) Musique espagnole. 23.15: Musique variée (disques). 23.45: Journal pour l’étranger en allemand, français, an­glais et italien. L’ÉLECTION A LA SOCIÉTÉ DES ECRIVAINS ROUMAINS Les membres de la Société des E- crivains Roumains se sont réunis di­manche matin pour procéder à l’élec. tion d’un nouveau président de société, à la place du regretté géné­la ral N. Condiesco. L’assemblée, après avoir près acte que M. le ministre Michel Ralea a retiré sa candidature, à procédé l’élection. Les candidats étaient MM. à Victor Eftimiu et le prof. N. I. He­­resco, qui ont réuni chacun 34, res­pectivement 106 voix. Le prof. N. I. Heresco a été pro­clamé élu. DEUIL L’ancien ministre plénipotentiaire Carol Mitilineo est décédé dimanche soir, en son domicile, 29 rue Roma, à l'âge de 73 ans. Les obsèques auront lieu mardi à 15 h. 30, au Cimetière Bellou dans le caveau de la famille. Le cortège se formera au domicile du défunt. • • ® Le duc Albrecht de Wuttemberg, an­cien commandant d’armée pendant la guerre mondiale, est décédé à l’âge de 73 ans. . • ® Le IL col. Muirhead, ancien sous­­sécrétaire d’Etat pour les Indes jus­qu’à la déclaration de la guerre ai­­tuelle, vient de mourir, il était âgé de 49 ans. e • 9 Le célébré radiologue italien, Aris­tide Busi. professeur à l’Université de Rome, est mort, âgé de 65 ans. MESDAMES, ON ANNONCE Voulez-vous un salon de eoiffenr antiseptique, élégant, confortable? Visitez le Salon „Corso”, 5, rue Nieolae Golesco, tél. 5.01.52. flfellMIBQffi fil Dü MOMENT^ RECORD MONDIAL DE VOL SANS ESCALE Les aviateurs américains Wes Car* roi et Clyde Schlleper ont amerri à Long Beach (Californie) après un raid de durée en circuit fermé, de 30 jours. Les deux aviateurs américains ont réussi à établir un nouveau record mondial, en volant sans escale pen­dant 728 heures. Le record précèdent, de 652 heures, avait été établi en 1935 par les aviateurs américains Eeet et Al. Key. S3ÜEQISE „LA CLEF DOR" A commencer du 3 novembre le public bucarestois pourra admirer au cinéma „Trianon” un nouveau grand film russe „La Clef d’Or” réalisé d’après le texte du grand romancier russe moderne Alexis Tolstoi par le metteur en scène A. Ptusko, connu du public roumain, par bien autre de ses oeuvres „Gulliver, une au pays des nains”. TFMPS LE 30 OCTOBRE Les dernières 24 heures, U a fait mauvais temps, le ciel a été couvert et de violents orages dans ïa plus grande partie du pays. Pluies inter, mitentes et abondantes dans tout !e pays. Dans la région montagneuse la ne'­­ge a commencé à tomber. La tempé­rature en baisse variait ce matin entre 12 dg à Caliacra et 1 dg à Pre. deal. PREVISIONS Pression en hausse de 5 â 8 mm. Ciel variable dans l’Est du pays et le ciel plutôt couvert dans le reste. Vent puissant dans le secteur Nord. ' Baisse continue de la température. ; Pluies intermittentes et dans la ré. gion des montagnes, bruine et neigé. LA VIE A BUCAREST Chronique Mondaine VENDRENüI AU UN GRAND Film fOI A MAKI SOVIET*QUE iKI AnSUN qui a émerveillé le monde l’oeuvre de Alexis Tolstoi La clef d'or Régie A. PTUSKO, réalisateur du film „Gulliver au pays des nains" Supplément: Dan­­ses et chansons de l'Armée sovié­tique W/li NICOLAS ZISSU porte à la connaissait ce de sa distinguée clientèle que mercredi, I-er no vent bre 1939 ouvrira son nouveau res taurant 12, RUE B A TISTE Le cadre intime des intérieurs artistement décorés sera une agréable su rprlse pour les clients qui auront à leur disposition un service parfait tant pour le dé­jeuner, que pour le diner. •Jazz Alfredo Thomas - Mezei Telefon 2,59,65 Le Restaurant LESCENCU 2, col. Yictoriei — tel. 5-24-00, sert .journellement de m'di à 3 h., des repas au prix fixe de 40 lel Le soir, à partir de 8 h. soup er dansant, riche programme artistique. 1 ( MERCREDI I NOVEMBRE 1939___ SECRETAIRE particulier, é­­tudes supérieures, avec prati­que, connaissant le français, l'allemand, le roumain, le rus- 1 se, aussi les langues slaves et la dactylographie, offre ses services. S'adresser au jour­nal sous „Seerélaire” 11.810 COURRIER DU FRONT VOLS DE RECONNAIS SANCE Le ministère britannique de l’Information publie, sous la signature d’un „témoin ocu» laire”, le récit suivant d’une reconnaissance effectuée par des avions de la Royal Air For­ce stationnés en France. Pour la première fois, quatre avi­ons britanniques ont effectué des vols de reconnaissance de jour, tout le long de la frontière allemande, de la France à la mer du Nord. Les avions allaient vérifier les der­niers rapport», reçus par le quartier générai Le» résultats de ces vols de recon® naissance britannique sont, en ce mo­­ment, soumis à l’examen des experts et on croit savoir qu'une série de pbo­­tographies prises par deux des avions »era de la plu» grande valeur. Le» appareil» »'envolèrent, par pal­­res, d’un de» aérodromes secrets bri­tanniques, ,,quelque part derrière la ligne Maginot". La première rencontra de mauvai­se» condition» atmosphériques et vola presque tout le temps a une hauteur d'environ 1.900 mètres: passant au­­dessus de l’extrémité sud du Luxem, bourg où l'artillerie française pilon, nait la bordure de la ligne Siegfried, A Coblentz, l'artillerie antiaérienne allemande lès entendit et ouvrit le feu, appréciant probablement la distance et la direction d'après le bruit des moteurs. Des obus crevèrent les nua­ges et éclatèrent tout autour des avi­ons, mais ceux-ci ne furent pas at­teints et poursuivirent leur route. Les canonniers allemands se hâtè­rent de téléphoner aux autres batte­ries. et les appareils britanniques fu­rent accueillis par un barrage à leur arrivée au-dessus de Siebourg. Ils le franchirent également sans être tou­chés et continuèrent de voler le long de la frontière belge, au-dessus d’Aix­­la-Chapelle. Bientôt, ils aperçurent la courbe du Rhin qui se dirige vers la Hollande, Ils poursuivirent leur vol vers la côte allemande qui borde la mer du Nord, évitant soigneusement la Hol­lande, et arrivèrent indemnes, à l'aé­rodrome anglais où on les attendait. L’autre paire d’avions s’envola a­­vant l’aube et se trouva au-dessus de l’Allemagne à l'heure où le soleil se levait au-dessus des collines qui se trouvent à l'est du Rhin. Le temps leur fut plus favorable, et ils purent prendre les photographies qu'ils ava. ient mission d'aller chercher. MOBILE FINI i Madame Milia Carol Mitilineu, la Comtesse Karol Römer et sa fille Wanda, Melle Marthy Mitili­neu, M. et Mme Jean M. Mitilineu avec leur fils Jean, M. Michel J. Mitilineu, Mme Marthe Gabriel Mitilineu, ont la douleur de vous faire part du décès, et date du 29 octobre, de leur bien-aimé mari, père, grand-père, frère, beau-frère et oncle Carol M. Mitilineu ministre plénipotentiaire La cérémonie religieuse aura lieu mardi le 31 Octobre à 15 h. 30 au domicile du défunt, 29, strada Roma, d'où la dépouille mortelle sera transportée au cimetière Beilo où elle sera déposée dans le caveau de la famille. LES G RANDES VOIX DU MONDE LA FRANCE: FAYS DU JUSTE - MILIEU DE L'OCCIDENT Et voici aujourd'hui le témoignage particulièrement auto­risé du Docteur C. K. Sié, ancien doyen de la Faculté des Lettres de l'Université de Nankin, Directeur de la Société des Lettres et des Arts de Chine. Le Docteur C. K. Sié sait de quoi il parle. Les plus hauts problèmes de la pensée lui sont familiers, de même que les questions politiques les plu3 complexes. Il a poursu vi ses études successivement à Bru. xelles, à Paris et à Lausanne. Sa thèse de doctorat était consacrée aux „Emprunts de guerre français”. Récemment il publiait chez Plon un essai sur „l'Esprit chinois en face du problème des races”, puis, aux éditions Labor, à Bruxel­les. „Esuest, Reflets croisés” cependant qu’à Bruxelles, le théâtre du Parc jouait de lui, avec un vif succès, un drame en six tableaux: „Le Jade brisé". Il vient d'achever une seconde pièce: „Un noeud ne peut être dénoué que par celui qui l’a noué' et il travaille à une nouvelle traduction des „Quatre livres" de Confucius. La France, pays du Juste-Milieu de l'Occident, m'apparut pour la première fois, sous la forme d’une bouteille de champagne. Ce vin qui possède rayonnement de 1 aube d ete et la cha le leur du soleil automnal et qui illumine l'esprit sans l’alourdir eut le don de m’enchanter. Mais c’est à l’Ecole Française de Hankéou, où je devais bientôt entrer, que mes goûts se précisèrent, L élé gance, la pureté et la clarté de la lan gue française m’y étaient en effet ré­vélées par mes maîtres en même temps que les faits saillants de l'Histoire de France. Voici ses preux chevaliers s'ébranlant vers la Palestine pour dé­livrer le tombeau du Christ, la jure figure de )eanne d'Arc, pauvre pay sanné abandonnant ses champs et pre nant le commandement des armées du Roi pour „bouter l'ennemi hors de France" et mourant sur le bûcher pour sa Patrie. Je tiens la Pucelle pour la mère des nationalismes humains... Et encore l’oeuvre magnifique des rois de France, poursuivie avec une inlas sable ténacité et transformant un ter­ritoire, jusque là morcelé et divisé, en un tout parfait et merveilleusement harmonisé dans la plus somptueuse des mosaïques. Autre sujet d’émerveillement: le sys. tème métrique, auquel sont attachés les noms de Borda, Lagrange, Laplace, Monge, Condorcet — d'autant plus impressionnant pour le jeune Chino'S que j’étais que la notion en était déjà très développée chez nous. Quesnay et les physiocrates —— la terre seule créatrice de richesses —— encore une conception, cfelle-ci erro­née sans doute, qui, pendant long­temps, a été commune à nos deux pays. En France comme en Chine, on honorait donc l'agriculture. Les Physiocrates, au surplus, n ont-ils pas considéré l’administration chinoise comme une administration modèle? De même aussi que nos grands phi­losophes, Confucius, Mencius, etc-, s'étaient appliqués, dès les temps les plus reculés de notre histoire à déga ger les lois de la Société devant ré­gir le gouvernement des Peuples, l’oeuvre d organisation et d'unification des rois de France n’était pas encore terminée que déjà Voltaire, Rousseau. Montesquieu, suivis de toute la pléia de des encyclopédistes se préoccupai­ent de la création d'un nouveau ré­gime destiné à émanciper et à assu­rer le bonheur des classes méconnu-s et de l’Humanité entière. N’était-ce pas là la recherche de l’Univers paci. fié" de Confucius? L'épopée Napoléo nienne, qui avait si profondément im­pressionné mon esprit, n’avait-elle pas trouvé, en partie, sinon sa justifica tion, du moins son explication dans ie désir des Français de renverser toutes les tyrannies et de donner la liberté au iVlonde? Arrivé à Paris, dès le début de la Grande Guerre, mes observations di­rectes confirmèrent pleinement l’idée que je m étais faite de ce temple du goût. Sous le beau ciel de L Ile-de- France, semée de plaines fertiles mo­dérément sèches et de vallées humides, tout n est que clarté, harmonie et me­sure. M'assimilant au peuple de Fran­ce, je vibrais avec lui, comme lui je m'enthousiasmais, dans les cinémas et salles de spectacle de la capitale, l'annonce des succès de l’offensive de à Nivelle; je participais à ses inquiétu­des aux jours sombres et j'assistais, ému et recueilli, comme lui, à cette revue des troupes du 14 juillet 1917 où l'on sentait battre le coeur de la France angoissée certes, mais tou­jours ardente et résolue comme la Chine d’aujourd'hui. Je partageais d'ailleurs l'admiration du général Mal leterre, dont j'avais suivi assidûment les conférences à l’Ecole des Sciences politiques, pour la science et la haute intelligence de l'Etat-Major français et l'héroïsme des poilus de la Républi que. Et ma confiance restait entière, comme elle l'est maintenant. Aussi, bien que suivant les cours de l’Uni versité de Lausanne, en 1918, je dé­cidai de venir passer mes vacances à Paris et, le 1er juillet, débarquais à 'a gare de Lyon. Je n’oublierai jamais ce spectacle: les affiches collées aux en trées des immeubles: 40 places, 60 places, etc. C’était le moment où les zeppelins poursuivaient leur oeuvre de destruction et de mort. Pourtant, point de panique. Dès que retentissait l’alarme, on descendait à la cave et l’on y commençait une partie de be­lote en buvant du vin de France. Ad­mirable sérénité qui se répète aujour d'hui et dont, seuls, les peuples qui ont un glorieux passé peuvent arriver à jouir. Et que dire de la communion intel­lectuelle entre Français et Chinois? Depuis le séjour des Jésuites à la Cour de Pékin, le goût de tout ce qui est français reste très vif en Chine. Ré­ciproquement, la Chine a toujours été appréciée en France. Aujourd'hui en­­core, n’est-ce pas sur les bords de la Seine que 1 on trouve les plus grands sinologues: les Pelliot, les Granet, les Grousset, les Laloy, les Demiéville, j’en passe et des éminents. Le génie artistique et littéraire de la France s’impose en Chine comme par­tout ailleurs. Rien que pour la littéra ture actuelle, nous possédons de nom­breuses traductions. Paul Valéry qui a préfacé le roman „Ma Mère" de Cheng Tcheng, a été traduit en chi­nois, ainsi que Maurice Barrés, Ana tôle France, Abel Bonnard, Romain Rolland, Paut Claudel, Fernand Gregh Jules Romains, André Gide, Georges Duhamel, François Mauriac, Charles Vildrac et beaucoup d'autres. Dans l’ordre philosophique et social, les .Pensées” y sont aussi lues que ,,la Méthode ’ et l’Intelligence" et les pré-urseur- de la Révolution Française ont exercé une influence décisive sur l'évolution politique de la Chine mo­derne. Le Triple Démisme du Dr. Sun Yatsen peut être traduit pari Liberté, Egalité, Fraternité. Nous possédons même une Université dont chaque Faculté porte le nom d'un grand Français: Faculté Voltaire, Faculté Curie, Faculté Auguste Comte, Facul­té Lamarck. Je regrette seulement qu'il n’y ait pas de Faculté Pasteur. Et dans la cité de Sainte Geneviève comme dans la noble ville de M. E- douard Flernot, les étudiants chinois sont légion. Aucun pays au monde n’a fait au­tant que la France pour „l'Univers pa­cifié". Ce qu’elle entreprend mainte­nant avec une résolution toute carté­sienne ne comporte pas d'autre but que l’acheminement vers la réalisation de cette grandiose conception. Ses exa­gérations nïême ne sont que les fruits insuffisamment mûris de son âme tourmentée, toujours à la recherche d un meilleur „devenir" et si, dans son histoire, elle a donné quelquefois de» signes de lassitude elle s'est immédia­tement ressaisie, tout comme ce pays lointain de „derrière le Bois de Bou­logne . Car comme en Chine égale­ment, en France, pays du Juste Milieu de 1 Occident, tout n’est que clarté, harmonie et mesure. DR C. K. SIÉ Ancien doyen de la Faculté des Lettres de l’Université Natio­nale de Nankin, Directeur 1e la Société des Lettres et des Arts en Chine 1

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