Revue de Hongrie 28-29. (1923)

15 avril - Henri-Frédéric Amiel et Petőfi, par M. Antione Radó, membre de la Société Kisfaludy

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL ET PETŐFI A l’occasion du centenaire du poète national de la Hon­grie, il ne sera pas peut-être sans intérêt d’appeler l’atten­tion des littérateurs français sur une poésie du célèbre moraliste suisse, Henri-Frédéric Amiel, dont l’ouvrage prin­cipal, Fragments d’un journal intime, publié après sa mort, a obtenu un succès si extraordinaire. Moins connue est sa lyre, quoique son nom figure dans presque toutes les antho­logies françaises. Dans le quatrième volume de Y Anthologie du XIXime Siècle, éditée par la librairie Lemerre, il est représenté par deux vers: «Grillon de Mai» et «Feu sous la neige » (Pages 382—384). Or, la première de ces poésies n’est qu’une traduction libre d’un des poèmes les plus popu­laires d’Alexandre Petőfi, intitulé « Szülőföldemen » (Dans mon pays natal). Quant à la supposition que c’est peut-être Petőfi qui a emprunté ces vers à Amiel, elle semblera absurde à quiconque connaît le caractère du poète hongrois. Du reste, les vers de Petőfi ont été publiés en 1848, le volume qui contient le « Grillon de mai » en 1880. Amiel est né en 1821, et en 1848 il était un écrivain tout-à-fait inconnu, inconnu non seulement à l’étranger, mais aussi dans son pays. Au surplus, c’est Amiel lui-même qui parle dans son Journal intime avec beaucoup de chaleur du poète hongrois. Il paraît qu’il avait lu les œuvres de Petőfi dans une traduction allemande, pendant son long séjour à Heidel­berg et à Berlin. Il en avait aussi traduit quelques poèmes et eommuniqué ces traductions au professeur Hugón Meltzl à Kolozsvár, qui les fit publier en 1888 dans les Annales du Petőfi-Múzeum, rédigés par le prof. Zoltán Ferenczi. (« Les amis», «Le printemps», «Inquiétude», «Jamais il ne fut», dont les titres hongrois sont les suivants: «Voltak bará-

Next