Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 1. kötet, 1762 (Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers)

Architecture et parties qui en dépendent

ET PARTIES QUI EN DEPENDENT. l’Archîte&ure : il fuffit de lavoir que le tofcan, ordre ruftique, ne doit être employé que dans les ouvrages militaires, ou dansl’Architecture civile, dans les dépen­dances des grands bâti mens, tels qu'aux orangeries, comme â Verfailles, au* écuries, &c. 8c que l’ordre com­porte, compofé lui-même des autres ordres, mais tou­jours d’une expreflîon corinthienne, ne peut guere être employé que dans les décorations théâtrales, aux fêtes publiques, dans les pompes funèbres, &c. malgré l’ufage qu’en ont fait quelques-uns de nos architeéles au portail des Minimes, au château de Clagny, &c. Nous ne craignons pas de l’avouer ici-, la jufte appli­cation des ordres â l’Architeélure eff plus eflentielle que l’on ne fe l’imagine ordinairement. Combien ne voyons­­nous pas de bâtimens dont l’ufage intérieur exige exté­rieurement un air de folidité , 8c qui ont pour décora­­ration dans leur dehors un ordre moyen ou délicat ; 8c d’autres dont la deftination femble exiger de l’élégance, avoir dans leur façade un ordre ou une expreflîon rufti­­que, comme s’il étoit indifférent de négliger la relation que ces deux parties doivent avoir enfemble? Mais paf­­fons aux explications des trois Planches de cette deu­xieme partie; elles nous donneront occafîon de difcu­­ter plus précifément l’opinion des architeéles modernes à cet égard. PLANCHE XIV. Autre fontaine d'ordre dorique. Nous venons d’éprouver en quelque forte, â-propos de la Planche précédente, la néceflîté de faire choix de l’ordre dorique pour la décoration des bâtimens hydrau­liques. Nous ajoutons ici cet exemple, non pour nous mettre en parallele avec l’habile artifte qui a donné les defleins de la treizième Planche, mais pour donner à connoître fî une plus grande architeélure, une fculp­ture moins coloflale, de l’application de l’ordre viril, peuvent convenir plus véritablement aux monumens dont nous parlons ; nous convenons qu’alors la virilité de cet ordre femble exiger des ornemens & une lcul­­pturequi lui foit aflortie, 8c qu’en conféquence il con­­viendroit de dédier l’édifice â Neptune, â quelque fleu­ve, &c. plutôt qu’à Amphytrite, â quelques Nayadec, &c. Mais en fuppofant que le lieu où fe doit élever le monument, ne permette que des attributs ou des allégo­ries féminines, il nous femble qu’il feroit préférable, malgré l’analogie que doit avoir la Sculpture avec l’Ar­­chiteélure, de rendre cette derniere relative au genre de l’édifice , comme l’objet principal, plutôt que de chercher à la faire dépendre des accefloires. Ajoutons â cela, que cet ordre, quoique folide, peut s’enrichir 8c fe difpofer de maniéré â pouvoir recevoir tel fymbole que la néceflîté fembîera exiger. Si ce que nous avançons paroît avoir quelque fonde­ment, il n’eft donc pas auflî indifférent qu’on fe l’ima­gine ordinairement, d’appliquer un ordre plutôt qu’un autre dans un édifice de genre différent ; ce qui n’ar­rive le plus fouvent que parce qu’on ignore le vrai cara­­élere, la véritable expreflîon de chacun d’eux. Nous l’avons déjà dit, nous le répétons, l’ordre tofcan ne de­vroit jamais être employé que pour les ouvrages mili­taires, ou dans l’Architeélure civile pour les dépendan­ces des bâtirpens d’habitation de quelque importance; l’ordre dorique, pour les édifices publics ; l’ordre ïoni­que, pour les maifons de plaifance , l’ordre corinthien, pour les palais des Rois ; l’ordre compofîte aux monu­mens élevés pour la magnificence. Mais comme notre objet dans ces élémens eft de ne parler que de l’appli­cation des trois ordres grecs, dorique, ïonique 8c corin­thien , & que nous n’avons point d’édifice dorique régu­lier â citer en France, nous avons donné ce deflèin de fontaine d’ordre dorique (a) afin de prendre occafîon de parler de ces trois ordres en particulier, 8c de leur application en général daos l’Architeélure. Nous venons de dire qu’il n’y avoit point d’ordre dorique régulier. Avant de palfer â l’ordre corinthien, difons un mot de ce que nous entendons par la régula­rité de cet ordre. Les Grecs, à qui nous devons la découverte des pro­portions de l’ordre dont nous parlons, avoient conçu qu’une de fes beautés principales devoir confîfter dans la fymétrie;ce qu’ils ont exécuté avec le plus grand fuc­­cès ; mais comme ils n’accouploient pas les colonnes, 8c que les modernes en ont connu la néceflîté â certains égards, plulîeurs ont tenté en vain de concilier cette régularité des Grecs avec les accouplemens; enforte que les uns ont fait pénétrer les bafes 8c les chapiteaux, comme on le voit au portail des Minimes; les autres, pour éviter ce défaut, ont fait leurs métoples oblongucs ou barlongues, comme on le remarque â Saint Gervais ; ceux-ci ont renflé leurs colonnes, comme au bureau des marchands drapiers; ceux-là ont donné un module de plus à leur ordre, comme au portique de la cour royale du château deViocennes; autant de tentatives infruc­­tiieufes que d’autres enfin ont cru éviter, en fe privant de l’application de cet ordre dans leurs productions; extrémité peut - être plus condamnable encore, parce qu’elle détruit l’efprit de convenance ,8c qu’elle prive la plus grande partie de nos édifices du caraélere qui leur convient. Tant d’irrefolutions 8c d’incertitude nous or.t (a") Cette Planche auroit du précéder la fontaine de Grenelle: mais comme cetre ordonnance dorique eft de notre compofition , nous avor s jugé à propos dans ces élémens de faire paiTer Ja production de M. Bon­­chardon avant la nôtre , comme un jufte tribut que nous devons aux ou­vrages de cet artifte célébré. PLANCHE XIII. Fontaine de Grenelle, faubourg S. Germain, Ce monument élevé parla ville de Paris en 1739, fur les deffeins de M. Bouchardon, Sculpteur du Roi, qui a préfidc â la conduite de l’Architeélure, 8c exécuté la fculpture qui s’y remarque, eft un des édifices modernes qui fait le plus d’honneur à notre flecle. En effet une ar­­chiteélure pure, un appareil correct, une conftruction folide & une fculpture admirable, font autant de beau­tés réunies qu’on rencontre difficilement ailleurs. Nous 11e parlerons point ici de la fituation de ce monument -, perfonne n’ignore que ce chef-d’œuvre méritoitun tout autre point de vue : mais, nous l’avons déjà dit, cette partie elt trop négligée en France. Nous ne pouvons diffimuler encore que l’ordre tonique qui détermine le caraétere de l’ordonnance de ce monument, non-feule­ment n’exprime pas affez de folidité, mais paroît d’un trop petit module pour l’étendue de l’édifice. Il femble que l’ordre dorique devroit être le propre des bâtimens de l’efpece dont nous parlons. Une fontaine fuppofe des voûtes dans fon intérieur, d’épaifles murailles, un vo­lume d’eau dont le poids eft considérable, une humi­dité difficile â parer; autant de motifs qui veulent être annoncés dans la décoration de fes dehors, par un cara­­élere viril que l’ordre ïonique ne peut offrir. Nous con­cevons bien que cette fontaine eft dédiée à la ville de Paris, 8c que cette divinité féminine a pu autorifer l’or­dre ïonique dans le frontifpice du temple qui paroît être élevé derrière elle. Mais nous le penfons ainfî. Le pre­mier mérite de l’artiffe eft de faire enforte de concilier les accefloires de la décoration avec la convenance de l’édifice. Le premier objet qui doit frapper l’œil du fpe­­élateur, c’eft le caraétere propre de la chofe; autrement, l’efprit eft diftrait : on remarque bien les beautés de dé­tail; mais les vraies beautés font celles de l’enfemble; toutes les autres doivent lui être fubordonnces. Au refte, cette réflexion, qui nous eft particulière, n’empêche pas que ce monument ne foit très - recommandable : auffi l’avons-nous préféré dans cette colleétion, pour exem­ple, à la fontaine des Innocens, autre chef - d’œuvre , mais dont i’architeéture corinthienne nous a paru en­core plus defaffortie à l’idée qu’on doit fe former d’un bâtiment hydraulique. Comme il ne s’agit dans cette deuxieme partie que de l’application des ordres à l’Architeélure, & non de la defcription de chaque monument en particulier, nous n’entrerons dans aucun détail pour ce qui regarde la beauté de l’ordonnance, ni furie choix des parties, ni fur la maniéré de profiler, ni fur la diftribution des or­­nemens.L’afpeél du lieu, ou l’infpeélion de la Planche que nous donnons, dédommageront fuffifâmment de notre fîlence a cet égard. 7

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