Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 1. kötet, 1762 (Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers)

Architecture et parties qui en dépendent

ÏO ARCHITECTURE, défigner l’aménité qui doit caraétérifer l'habitation de l’homme d’églife. Enfin nous avons recommandé que l’urbanité s’annonçât dans la décoration des façades delà demeure des magiftrats (/); pour cet eftet, on devra faire ufage de l’ordre compofite, qui par la double appli­cation de fes ornemens & fa proportion moins virile en­core que le dorique & fïonique, paroît propre à annon­cer à l’efprit les différentes fonctions de la magiflrature. Ce n’eft pas que l’ordre dorique ne put être employé convenablement dans l’ordonnance de ces trois hôtels ; mais indépendamment qu’il paroît néceflàire d’apporter une forte de variété dans l’ordonnance de nos édifices , il eft important encore d’appeller à fon fecours l’ex­­preflion de differens ordres, pour tâcher d’amener fur la feene dans les diverfes produétions des membres d’Ar­­chitcélure & des ornemens qui appartenant à ces or­dres, contribuent à faire reconnoître avec moins d’équi­voque l’ufage particulier de chacun des bâtimens de mê­me genre ; fans parler ici de ceux de genre différent, qui exigent à plus forte raifon , chacun féparément, un ca­raélere diftinétif, d’où dépend le véritable fuccès de la décoration de toutes les efpeces de produétions en Àr­­chiteélure. Paftons à-préfent au projet d’un grand hôtel de notre compofition, dans lequel nous avons tâché de faire entrer la plus grande partie des pièces de parade, de fociété & de commodité avec les dépendances qui leur font néceffaires. P Y A N C H E XXIII. Projet d'un grand Hôtel de quarante toifes de face. Perfuadés que le premier mérite d’un plan confîfie dans la beauté des enfilades principales, nous les avons obfervées ici, & avons pris foin de les exprimer par des lignes ponétuées. Nous avons auffi frit en forte que le centre du grand filon fè rencontre dans les deux maî­­treftes enfilades, avantage confidérable, & qui fe trouve rarement dans nos édifices trançois, à l’exception de nos maifons royales. Une des chofes qui nous a paru auffi fort ellentielle , c’eft que des périftiles amènent à cou­vert depuis l’entrée de Fhôrel jufqu’aux appartemens. D’ailleurs ces périftiles en colonades donnent un air de dignité à ces fortes d’habitations, qui les diftinguent des m. ifons ordinaires, fans pour cela leur donner la fomp­­tuofité des palais des rois, qui fe manifefte non-feule­ment par beaucoup plus d’étendue, mais encore par des avant-cours, des places d’armes, & une infinité d’autres dépendances de leur reft’ort. Peut-être eut-il été bien auffi d’obferver dans cette diflribution un porche, qui de la cour d’honneur eut fait defeendre les maîtres à couvert dans leur appartement; mais il s’agiffoit de faire ici un grand hôtel de 7^ toifes de largeur entre deux murs mitoyens ,& de l’annoncer par une grande cour qui indiquât par fon afpeél le rang du perfonnage qui devoit l’habiter; enforte que les bafiès-cours devenant petites, ne pouvoient raifonnablement permettre le porche que nous délirons ici. A ce défaut, que nous avouons n’être pas peu confidérable, voici comme on y pourroit remé­dier : ce feroit d’avancer de neuf à dix piés les fix colon­nes de front placées au devant du veftibule, enforte que les voitures pourroient palier entre ces colonnes & les murs de ftice, moyen qui peut fe mettre en pratique dans cette diflribution, mais qui ne peut avoir lieu que dans le cas d’une cour d’un certain diametre, à caufe de l’é­chappée des carroifes & de la pente du pavé qu’il eft né­­ceflaire de gagner de loin , pour que le fol du porche propofé fe trouve, à quelque choie près, à niveau du veftibule. Nous nous fommes contentés d’annoncer cette faillie, fins l’exprimer fur cette Planche. Nous avouons fincérement que cette idée.ne nous eft venue que depuis fept ou huit années que ce projet eft gravé ; tems depuis lequel nous avons apperçu plus d’une fois l’incommodité que les grands éprouvent, de n’arriver pas à pié fec dans l’intérieur de leur habitation , avantage néan­moins qui fe rencontre rarement dans nos hôtels, mais que nous conleillons à tous les propriétaires & à nos jeunes architectes, comme un des points cftentiels pour ce qui regarde la commodité. Les hôtels, demeures des grands feigneurs, font des bâti mens élevés dans les capitales , & où ils font habi­tuellement leur réfidence. Le caraélere de leur décora­tion exige une beauté aflortie à la naiffance &c au rang des perfonnes qui les font bâtira néanmoins ils ne doi­vent jamais annoncer cette magnificence réfervée feule­ment pour les palais des rois. C’eft de cette diverfité de rang, du monarque aux grands princes, & de ceux-ci aux fujets, que doivent naî­tre nécellairement les differens caraéteres d’édifices; con­­noilfances indifpenfables qui ne peuvent s’acquérir que par l’etude de l’art, & particulièrement par l’ufage du monde; c’eft par ce dernier, n’en doutons point, qu'on arrive à la convenance, qu’on obferve les bienféances , que le jugement s’acquiert, que l’ordre naît dans les idées, que le goût s’épure, & qu’on apprend à conhoî­­tre politivement le caractère propre qu’il faut donner à chaque batiment. Certainement le rang du perfonnage qui fait bâtir, eft la fource où doivent le puifer les dif­ferens genres d’expreffions dont nous voulons parler: or comment y arriver fans l’ufage du monde , qui nous apprend à diflinguer tous les befoins & le ltyle conve­nable â telle ou telle habitation érigée pour tel ou tel propriétaire? Par exemple, la demeure d’un prince ( a ) deftiné par fa naiftance au commandement en chef des armées ; celle cl’un prélat (b) appellé au pontificat par une longue habitude au ficerdoce ; celle d’un premier ma­­gifirat (c), ou celle d’un miniftre éclairé chargé du gouvernement, ne doit - elle pas s’annoncer différem­ment , Sc différer particulièrement de celle d’un maré­chal de France, ou d’un autre officier général, de celle d’un évéque ou d’un autre dignitaire eccléfiaflique , de celle d’un préfident à mortier, &c. &c. perfonnages qui ne tenant pas le même rang dans la fociété, doivent avoir des habitations dont l’ordonnance annonce la fu­­périorité ou l’infériorité des differens ordres de l’état ? Les premières demeures, par exemple, feront des palais, palais de la fécondé clafîe â la vérité; les deuxiemes, feulement de grands hôtels; dans celles-là on y obfer­­vera avec certaines modifications le caraélere que nous avons défigné pour la demeure des têtes couronnées ; dans celle-ci, une ordonnance plus fimple: mais dans toutes les deux , pour la demeure du militaire , on devra faire préfider un caraélere martial , annoncé par des corps reétilignes, par des pleins à-peu-près égaux aux vuides, & par une Architeélure qui puile fa fource dans l’ordre dorique. Pour la demeure de l’homme d’e­­glife, on fera choix d’un caraélere moins levere , qui s’annoncera par la difpolition de fes principaux mem­bres, par des repos affortis, & par un ftyle foutenu , qui ne foit jamais démenti par la frivolité des ornemens ; enfin, pour la demeure du magiflrat, on faifira un ca­raélere qui devra le manifefler par la difpofition géné­rale de fes formes, & la diflribution de fes parties, les feuls moyens de parvenir à défigner fins équivoque dès les dehors de l’édifice, la valeur , la piété, l’urbanité. Au refie, nous le répétons, il faut fe refiouvenir d’éviter dans ces différais genres de compofition la grandeur & la magnificence du refiort des palais des rois; la gran­deur, parce que l’intérieur des appartemens étant nécef­­fairement moins vaftes chez les particuliers que chez les grands, les hauteurs des planchers doivent produire dans les dehors moins d’élévations, moins de magnificence , parce qu’il eft de convenance que les ornemens foient répandus avec moins de ménagement dans les maifons royales, que dans toute autreefpece de bâtiment. Nous venons de dire que l’hôtel d’un militaire (d) devoit an­noncer un caraélere martial ; pour cela on fera choix de l’ordre dorique , parce que cet ordre étant confidéré comme celui des héros, il convient que ce foit de cet ordre que foient puifés tous les membres d’Architeélure qui entreront dans fon ordonnance. Nous avons dit auffi qu’il étoit ncceffaire que la réfidence des prélats ( c) an ­nonçât moins de fevérité ; pour cela on devra choifîr l’ordre ionique, moins folide que le précédent, pour (a ) Telle que celle du duc d’Orléans. ( b ) Telle que celle de l’Archevêque de Paris. ( c ) Telle que celle du chancelier de France. ( J) Tel que celui de Soubife. (e) Telle que Yhôtel de Rohan. (/) Telle que pourroit être l’hôtel Moié.

Next