Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 2. kötet, 1763 (Suite du recueil de planches, sur des sciences, des arts libéraux et les arts de méchaniques, avec leur explication)

Premiere partie - Caracteres et alphabets de langues mortes & vivantes

8 PLANCHE X. ALPHABETS ANCIENS. Runique. L’alphabet runique elt abfolument le même que l’alphabet iflandois gravé dans la Planche IX. Il étoit conféquemment alfez inutile de le répéter dans cette Planche X. Je ne puis là-deifus que revenir fur ce que j’ai déjà ci-devant dit ; fqavoir, que cette irrégularité n’auroit point eu lieu, s’il n’y eût eu déjà plutieurs Planches gravées , lorfque j’en ai pris la direction. Voyez ci-delfus au titre , Alphabet islandais. On entend par runes , les caraéteres des ancien­nes lettres feptentrionales. On difpute fur l’origine de ce nom. Wormius le fait venir de y en, canal, ou de ryn , un fillon. Spelman foutient qu’il faut chercher dans ryne fon étymologie. Ryne, ou gery­­ne , en anglois , peut fe rendre par myftere , ou chofe cachée. On fait que les peuples du Nord faifoient grand ufage des runes pour leurs opérations ma­giques. „ On rapporte qu’aucun des anciens Thraces n’é- S4 toit inftruit des lettres ; l’ufage même en elt re­­„ gardé comme une chofe très-honteufe par tous les „ barbares qui habitent l’Europe , mais on dit que „ ceux d’Alie ne font nulle difficulté de s’en fervir. C’elt ce que dit Ælian. var. hijl. lib. V11L cap. 6. qui floriifoit au deuxieme liecle. RuJJe. Les hifloriens du bas empire, prétendent que les Ruifes ou Mofcovites n’avoient aucuns caractères d’écriture avant Michel Paphlagonien , empereur grec, fous le régné duquel ils prirent la langue & les caraéteres des efclavons ; les caraéteres font grecs , & les mêmes que les caractères gravés dans la XI. Planche. Les Ruifes prétendent tirer leur origine des Efclavons , quoique leurs czars fe croient defcendre des Romains , c’eft-à-dire , des empereurs de Conffantinople qui fe difoient Ro­mains. M. l’Abbé Girard de l’Académie francoife, fi bien connu par fon excellent ouvrage des Synony­mes , & par fa Grammaire francoife , avoit aulii compofé une Grammaire & un Dictionnaire latins , franqois & ruifes. M. le Breton , imprimeur ordi­naire du roi , fon ami & fon légataire , quant à fes manuferits , en fit préfent à la Ruiiie il y a quelques années , avec la feule condition qu’on rendroit à M. l’abbé Girard l’honneur qu’on devoit à fa mé­moire Sc à fon travail. Allemand. Les Allemands ont formé leur alphabet fur celui des Latins , mais je ne puis alfurer en quel tenis. Leur langue elt une des plus anciennes & des plus abondantes des langues de l’Europe. On accufe la langue allemande d’avoir une prononciation fort rude , Si il n’eft pas rare d’entendre dire parmi nous qu’elle eft plus propre à parler aux chevaux qu’aux hommes ; mais c’eft une erreur de ceux qui n’en connoiifent ni le prix , ni la beauté, & qui n’ont jamais entendu parler que les Allemands les plus voifins de la France & de l’Italie, dont la pronon­ciation eft fort gutturale ; car dans la Haute Saxe Si dans les autres bonnes provinces d’Allemagne , on ne remarque rien de femblable. L’allemand y a acquis ce degré de perfection où la langue francoife elt montée fous le régné de Louis le Grand. L’anglois , le hollandois , le danois Si le fùédois fourniffent fouvent des lumières pour l’intelligence de la langue allemande. Les Hollandois & les An­glois fe fervoient d’abord des lettres allemandes, mais fur la fin du' XVU. fiecle, ils cefferent-d’en faire ufage & adoptèrent les caraéteres latins ; pour les Suédois & les Danois ils confervent encore au­jourd’hui les caraéteres allemands ; la prononciation des lettres allemandes elt telle : a , bé , dé , é, ef, ye, ha, i, yod, ca , el, cm , en , o , pé, coh , err, eff, té , ou, fait , vé, tes , ipfilon , tfed. PLANCHE XL lllyrien ou Efclavon Ssi Servien. Une grande quantité de nations, tant en Europe qu’en Afie, parlent la langue efclavone j fqavoir , les Sclaves eux-mêmes qui habitent la Dalmatie & la Liburnie , les Macédoniens occidentaux , Epirotes , Bofniens , Serviens , Rafciens , Bulgares , Molda­­viens, Podoliens, Ruifes , Mofcovites, Bohémiens, Polonois , Siléliens ; & en Allé, les Circaffiens, les Mingreliens , les Gazariens , &c. Gefner compte jufqu’a loixante nations dont l’efclavon elt la lan­gue vulgaire. On peut dire en général qu’elle fe parle dans toute la partie orientale de l’Europe juf­­qu’au Don ou Tanais, excepté la Grece , la Hongrie & la Valachie i mais quoique toutes ces nations par­lent le même langage , elles ne fe fervent pas tou­tes du même alphabet. Les unes fe fervent des ca­raéteres illyriques ou dalmates , inventés par faint Jerome ; les autres , des caraéteres ferviens , inven­tés par faint Cyrille. Les caraéteres illyriens fond finguliers & on y remarque très-peu de rapport avec les alphabets que nous connoiflons ; pour les ca­raéteres ferviens ils font grecs , à l’exception de quelques - uns d’augmentation que faint Cyrille a imaginés pour exprimer les differens fons du fer­­vien. Quant aux dénominations des élemens de ces deux alphabets , elles different peu i on prétend qu’elles font fignificatives. L’alphabet de faint Cyrille porte le nom de Chili­­rilizza , celui de faint Jerome s’appelle Buchuiza. Les provinces fituées le plus à l’orient fe fervent des ca­raéteres ferviens ; les autres provinces fituées vers l’occident ont les caraéteres illyriens. Moyfes Hebr&as prunus exaravit Citeras i Mente Phœnices fagaci condiderunt Atticas $ Qjias latini fcrïptitamus edidit Nicojlrata. Abraham Syras, ffl idem reperit Chaldaicas. Ifis arte non minore protulit Ægyptias. Guljilas promfit Getarum quas videmus ultimas. P L A N C FI E XII & XIIL Arméniens. Les Arméniens écrivent comme nous de gauche à droite, ils ont 38 lettres. On préfente ici quatre fortes d’écritures en ufage parmi eux. La première appellée zakghachir ou fleurie , fert pour les titres des livres & le commencement des chapitres ; ces lettres repréfentent des fleurs Si des figures d’hom­mes & d’animaux , c’elt pour cela qu’on les nomme encore chelhhachir , lettres capitales , & chaffanachir, lettres d’animaux. La fécondé eft appellée erghathachir, écriture de fer ; Rivola prétend qu’ils l’ont appellée ainli , parce que cette écriture étant formée avec des traits plus mâles elt moins fùjette à l’injure des tems ; mais Schroder dit avec plus de vraifemblance qu’elle n’a été appellée de ce nom que parce que les Armé­niens le fervoient anciennement d’un Itylet de fer pour tracer cette écriture. Autrefois on écrivoit des volumes entiers dans ce caraétere ; aujourd’hui on ne l’employe plus , comme l’écriture fleurie , que dans les titres des livres & des chapitres. La troifiéme eft appellée poloverchir ou ronde, que l’on employé dans les plus beaux manuferits & dans l’imprelîion. Enfin la quatrième forte d’écriture appellée no­­trehir ou curfive , fert dans le commerce ordi­, naire

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