Acta Classica Universitatis Scientiarum Debreceniensis 7. (1971)

Ernst, Juliette: L'état de la recherche dans le domaine des études classiques a travers le monde

ACTA CLASSICA I I UNIV. SCIENT. DEBRECEN. VIL 1971. p. 3—11. L ÉTAT DE LA RECHERCHE DANS LE DOMAINE DES ÉTUDES CLASSIQUES À TRAVERS LE MONDE* PAR JULIETTE ERNST C’est à dessein que j’ai donné pour sujet à ma causerie l’état de la recherche, car je m’abstiendrai de parler de l’enseignement. D’une part je ne suis pas compétente en la ma­tière, n’enseignant pas moi-même, d’autre part il me paraît impossible à l’heure actuelle d’établir un bilan dans ce domaine. Partout dans le monde, mais surtout dans les pays d’Europe occidentale, on assiste en effet à une révision fondamentale des programmes, des méthodes, des exigences, des rapports humains — et cela aussi bien sur le plan de l’ensei­gnement secondaire que de l’enseignement supérieur. Cette volonté de changement se mani­feste avec une intensité plus ou moins grande et de façon très diverse non seulement d’un pays à l’autre, mais dans un même pays d’une ville et d’une université à l’autre. Il en résulte une extrême confusion dont on n’aperçoit ni l’aboutissement, ni les conséquences lointaines. Pour le moment, il est certain que la politique universitaire des portes grandes ouvertes à tous a amené un afflux massif d’étudiants mal préparés qu’il n’est pas possible d’encadrer de façon satisfaisante, le recrutement d’enseignants qualifiés étant insuffisant. D’où une baisse notable du niveau des études. D’autre part, on est obligé de constater que l’application des méthodes nouvelles impose aux professeurs des charges épuisantes, et qu’une partie non négligeable de leur temps est employée à assister à des séances de discussion, à des réunions de commissions dont le nombre croît sans cesse. Ces obligations, souvent stériles, empiètent sur le temps consacré naguère encore à leurs travaux personnels, qui ne peuvent pas ne pas s’en ressentir. Toutefois, de cette masse d’étudiants remuants, prétentieux, incon­scients de la somme d’efforts nécessaires pour acquérir la base de solides connaissances indispensable à une recherche féconde, il est réconfortant de constater que continuent à émerger de véritables travailleurs intelligents et consciencieux qui s’attachent aux maîtres éminents que nous possédons encore. Ainsi s’opère tout naturellement cette sélection que, par une fausse démagogie, on se refuse à appliquer à l’entrée de nos Universités, comme elle se fait, si je suis bien informée, dans les vôtres. Ainsi s’assure la relève qui permet d’envisager l’avenir sans désespoir. Après ce préambule nécessaire, car on ne peut ignorer les incidences que les modifica­tions en cours dans les systèmes d’enseignement ont sur la recherche — préambule qui, comme je l’ai dit, s’applique surtout aux Universités de l’Europe occidentale et dans une certaine mesure à celles de l’Amérique du Nord — voyons quels sont les mouvements que l’on peut observer dans l’ensemble du monde savant. Tout d’abord, on a vu, depuis quelques années, se créer dans les pays où ils n’existaient pas encore des organismes rattachés directement à un ministère ou à quelque émanation du gouvernement central chargés de favoriser la recherche et de lui donner plus de cohésion. Ces organismes disposent de fonds pour accorder des bourses à des chercheurs individuels, * Conférence faite à l’Université de Debrecen le 7. 5. 1971. 3

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