Le Moment, Juiliet 1939 (Année 7, no. 1298-1323)
1939-07-02 / no. 1298
BUCAREST 7-me ANNÉE So. 1298 T BUCAREST 15. RUE BREZOIANU ». ■ Rédaction, Administration Tél. 3.10.40 Direction s Téléphona 4.25.34 Imprimerie et Ateliers de Photogravure „Le Moment" 2, rue Arist Demetrtade, Tél. 5.19,91 DIRECTEUR: , ALFRED HEFTER h -Propriétaire: Le Moment S. A* “« postale acquitta an upaaas eon form lm en' ' * l'ordre No. 24.4571939 de la Direction Cinérai, P. 1. 1, / ' ’ 4 PAGES 3 LEI4 r,Le Moment Journal de Bucarest Inscrit an registre de publications du iTrib. d'Ilfov, sous la No. 243/1938 - f . QUOTIDIEN ILLUSTRÉ D'INFOR MATIONS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET SOCIALES S. M. le Roi a reçu hier l’adresse de réponse des Corps Législatifs au Message du Trône LE DISCOURS QUE S. M. LE ROI À ADRESSÉ A LA DÉLÉGATION DES DÉPUTÉS „Le soldat roumain sera comme toujours à la hauteur de ses devanciers qui ont tracé de leur sang les frontières naturelles et justes de la Roumanie unifiée". Avec le cérémonial habituel, la corn, mission de la Chambre des Députés, M. Vaidi'.Voevode en tête, s’est rendue hier à 18 h. 30 au Palais Royal pour remettre à S. M. le Roi la ré ponse au Message du Trône, Le cortège est parti de la Chambre des Députés, escorté par un dé. tachement de la garde royale, et précédé par une voiture dans laquelle avait pris place le gén. Gabriel Ma. rinesco, soup-secrétaire d’Etat et préfet de Police de la Capitale. Après avoir reçu la réponse au Message du Trône, S. M. le Koi a prononcé le discours suivant; Monsieur le Président, Messieurs les Députés, Les vibrantes paroles que l'Assemblée des Députés prononce en réponse au Message du Trône, M’ont profondément ému et J’ex prime aux représentants de la Roumanie nouvelle Mes sincères et chaleureux remerciments. J’ai constaté une joie toute particulière que lés reformes et l’action de Mon gouvernement, au cours de l’année dernière, ont été apprécicès par î® peuple et que les efforts que j’ai déployés avec Mes conseillers, pour replacer l’appa reil d’Etat sur des bases plus so lides et plus pratiques, ont été prisés, avec une réelle compréhension par vous. L’année qui vient de s’écouler fut une année de soucis, mais la solidarité de la Nation groupée autour de ses chefs, nous a donné la force d’affirmer l’éternelle devise qui est notre raison d’être. Grâce aux aspirations séculaires et aux grands sacrifices, la Roumanie est parvenue là où elle se trouve aujourd’hui et son devoir est de conserver intact le patrimoine que nous ont légué nos ancêtres. Nous ne convoitons rien de oe qui appartient aux autres, mais nous sommes tout aussi décidés à défendre et à conserver ce qui est à nous. Pour, par tous moyens, pouvoir mener à réalisation cette vo lonté de toute la Nation, nous avons été obligés de demander, l’année dernière, d’importants sacrifices au Pays. Ces sacrifices ont été consentis parce qu’on était convaincu qu’il s’agissait de se soumettre à un impératif national. La magnifique revue du 10 Mai, lorsque l’armée s’est présentée sous un aspect si imposant, fut le témoignage éclatant des efforts fournis, et qui ont déjà commencé à donner des résultats qu’on en espérait. Dans l’organisation d’un Etat, le parachèvement d’un program me de développement doit être accompli en séries; il est limite par les moyens financiers. Nous nous sommes trouvés — et nous nous trouvons encore — dans la_ série de la défense nationale, — et la majorité de nos ef forts tend vers ce moyen de mise en vigueur de notre devise ci-dessus mentionnée. L’armée, à laquelle nous avons toujours témoigné une affection et des soins tout particuliers, a donné des preuves de ses qualités de bravoure guerrière au cours de notre passé historique. Le devoir des chefs de l’Etat est aujourd’hui plus que jamais, de la doter de tout l’outillage moderne, afin d’en faire effective ment le bouclier le plus solide pour défendre nos frontières et nos droits roumains. Si cette nécessité absolue est satisfaite comme il se doit, le soldat roumain sera comme tou-1 jours à la hauteur de ses devan- | ciers, qui ont tracé de leur sang i les frontières naturelles et justes de la Roumanie unifiée. La fidélité et l’affection de ceux qui avaient été appelés sous les drapeaux, au printemps dernier lors de la mobilisation motivée par la situation internationale, furent un témoignage vivant de l’âme populaire. Cet impératif national si catégorique, a exigé que tous les moyens soient mis en oeuvre, et d’autres branches de l’activité publique ont dû passer en second plan. Mais si notre capacité financière ne nous a pas permis d’attaquer à la fois tous les secteurs de la vie nationale, n’ont pas moins été envisagés les problèmes économiques et il faudra les pousser plus énergiquement encore. Quoique nous vivions à ; une époque où la dépression se j ressent partout, nous devons forger les Instruments qui à l’heure actuelle sont appelés à nous maintenir au niveau le plus élevé et qui demain nous permettront un essor auquel les richesses de no tre Pays nous donnent le droit. Si nous avons besoin, dans une mesure quelconque, d’une collaboration au delà des frontières, nous devons néanmoins compter et développer le réservoir d’énergie et de possibilités intérieures qui nous donnera le développement que nous méritons. La vitalité d’un peuple, on la mesure à sa force de travail; voilà pourquoi cette condition se trouve à la base de la nouvelle organisation d’Etat, c’est pour donner tout son essor au travail. H ne faut jamais oublier que le travail, si humble soit-il, n’est jamais humiliant, mais enoblit l’homme. Vous, Messieurs les Députés, vous avez été élus d’après ce critérium et les catégories que vous représentez sont précisément ■fixées sur cette base. La Chambre actuelle a un aspect nouveau, un aspect de jeunesse d’âme et d’enthousiasme. Vous avait su faire preuve de ces qualités par la manière dont vous avez entendu approuver l’oeuvre de Mon Gouvernement. La Roumanie a magnifiquement prouvé qu’elle savait travailler; la seule organisation politique du pays, le F. R. N., a pour princi- ‘ pale devise „Le Travail”. Monsieur le Président, Messieurs les Députés, L'oeuvre de réorganisation de l’Etat, inaugurée avec tant de succès l’année dernière, devra être poursuivie avec le même zèle et la même énergie. Je suis heureux de constater, avec vous, les beaux résultats obtenus par la décentralisation administrative, l’organisation des corporations, l’organisation „Travail et Loisirs”, ainsi que l’essor splendide de l’oeuvre d’éducation de la jeunesse par la ,,Straja Tarii”, et les espoirs qu'on peut fonder sur l’oeuvre d’harmonisation et de relèvement des campagnes par le „Service Social’’. (Suite page 4) LordHalifaxa mis les points sur les i PARIS 30 (Rador). Les journaux français de vendredi matin insistent sur le caractère ferme du discours de lord Halifax, qui a dissipé tout équivoque. „Le Jour” écrit qu’après ce discours, Berlin et Rome ne peuvent pins spéculer sur l’abstention ou l’hésitation britannique, au cas d’une nouvelle agression en Eu rope. Après les discours de M. M. Daladier et Halifax, après les déclarations du président de la république polonaise, les dirigeants allemands savent qu’une attaque directe ou simulée contre la Pologne ou^le Dantzig ne constituera plus „une simple question locale”. i„Le Figaro” annonce que dans les milieux politiques de Londres le discours de lord Halifax est jugé comme l’un des plus fermes qu’un homme politique anglais ait prononcés depuis le 15 mars dernier. Ces mots correspondent à la gravité de la situation. En effet, d’après certaines informations arrivées à Londres, l’Allemagne aurait l’intention d’essayer ces joursci un putsch à Dantzig, suivi quelques semaines plus tard — fin d’août — d’une tentative de pénétration militaire. „Le Petit Parisien”, sous la signature de M. Bourguès, écrit que, comme l’a dit il y a quelques jours M. Daladier, ta France ne ■ tolérera plus qué la violence devienne la loi en Europe. La Fran ce, tout comme l’Angleterre, restera désormais prête aussi à répondre aux bons procédés, d’où ils pourront se manifester. Kerillis, dans „L’Epoque”, affirme que M. M. Hitler et Mussolini ne battent en retraite depuis quelques mois que parce que la politique d’alliances de la Grande Bretagne déjoue leurs plans. La paix, conclut celui-ci, ne se mendie pas. Elle s’impose. „Le Populaire” écrit que lord Halifax a exposé une grande et belle doctrine, celle de la paix par le respect du droit et par la collaboration internationale. H est simplement à désirer que les masses allemandes apprennent ce dis- | cours et puissent se rendre comp- I te de la pureté de pensée qui l’a ! inspiré et de la vigueur de Paver- j Les déclarations de lord Halifax ont été claires et dépourvues de toute ambiguïté. Elles représentent l'opinion de tout le peuple britannique qui aujourd'hui est prêt à tout sacrifice pour fonder un nouvel ordre dans un monde d'ou la menace de guerre soit bannie. = tissement qu’il contient. • 4c * PARIS, 30 (Rador). — Le correspondant de l’Agence Havas transmet: Les milieux français autorisés, autant ceux politiques que ceux diplomatiques, manifestent toute leur adhésion à la position qu’a prise Lord Halifax dans son discours, et ils soulignent avec satisfaction l’identité de vues qui existe entre Paris et Londres. Dans les mêmes cercles, le dis cours de Lord Halifax est considéré comme un des plus importants discours qu’aient prononcés les dirigeants responsables de la politique britannique, dont les principes conducteurs ont été rarement formulés avec tant de re lief, avec tant de clarté et avec tant de force. Maintenant tes positions sont prises, sans équivoque et l’on peut espérer, cette heure, où la situation internationale menace au sud de l’Europe de s’acheminer vers une nouvelle tension, que l'avertissement de Lord Halifax sera entendu à Berlin. _ La Grande Bretagne est plus décidée que jamais à résister à l'agression LONDRES, 30 (Rador).:—Toute la presse britannique de Ven dredi matin considère que le discours de lord Halifax reflète l’opinion de tout le peuple britannique. Le „Times” écrit que la Grande Bretagne est plus décidée que jamais à résister à l’agression, mais qu’elle n’écarte pas la possibilité de résoudre les problèmes par voie de négociations. Un des points qui demande à être réglé, est la ques tion du Dantzig, mais non parce que la situation actuelle ne serait pas juste ou satisfaisante, mais bien parce que l’Allemagne le demande. A Dantzig, il n’y a rien qui dans un monde raisonnable pu'sse mener à la guerre. Mais si l’Allemagne se décidait à recourir à la force, et si la Pologne se considérait menacée dans son indépendance, la Grande Bretagne lutterait sans hésiter aux côtés de celle-ci. Le „Daily Mail” écrit que l’Allemagne doit comprendre ceci: la Grande Bretagne croit ce qu’elle affirme et Lord Halifax a parlé au nom de tout le peuple britannique. Le „News Chronicle” constate que personne ne peut nier que les déclarations de Lord Halifax n’aient été claires et dépourvues de toute ambiguïté. Aujourd’hui, le peuple anglais est prêt à tout sacrifice pour fonder un nouvel ordre dans un monde d’où la menace de guerre soit bannie. • * » LONDRES, 30 (Rador). — Le correspondant de l’agence Havas mande: En lisant la presse anglaise d’aujourd’hui, les hommes d’Etat du monde entier auront la preuve que lord Halifax a été, dans son discours d’hier, l’interprète fidèle de la pensée et de la volonté du peuple anglais. Les journaux de tous les partis, quelles que soient leur nuance et les catégories de public auxquelles ils s’adressent, approuvent à une unanimité impressionnante les paroles de lord Halifax. „Domination ou coopération, c’est le grand problème internationale qui se pose aujourd’hui — écrit le „Times”. Les démocraties croient à la coopération, tandis que le national-socialisme et le fascisme croient à la domination. En ce qui la concerne, l’Angleterre est fermement décidée à résister à tout tentative qui serait fondée sur les vieux systèmes, selon les quels les faibles devaient être les esclaves des forts. L’Angleterre a évalué ses responsabilités et a fixé son attitude. Elle ne reniera pas ses responsabilités et restera ferme sur la position qu’elle a choisi”. (Suite page 2) L’ÉLECTION DU NOUVEAU PATRIARCHE DE ROUMANIE S. B. le Patriarche Nicodèm e, le nouveau chef de l’Eglise R oumaine, prononce son discours- An premier plan à gauche M. Armand Calinesco, president du Conseil,, ^ DIMANCHE 2 JUILLET 1939 SA BÉATITUDE NICODÊME, élu hier Patriarche de Roumanie Le nouveau Patriarche S. B. Nicotine Par la volonté des fidèles, qui sont en même temps les élus de la Nation, et par le choix des princes de l’Eglise orthodoxe roumaine, S. S. Nicodème, métropolite de Moldavie et de Sueeava a accédé hier au siège patriarcal et il est devenu Patriarche de Roumanie. Un philosophe disait que les hommes qui fréquentent les bons livres sont meilleurs que ceux qui fréquentent leurs semblables. N’était-ce qu’à ce point de vue seulement et S. B. Nicodème pouvait être considéré le meilleur des orthodoxes, car non seulement il a vécu toute une vie en compagnie des meilleurs livres: les livres saints, mais aussi parce qu’il a ,jt>atíbtí‘ue ueö -, UT approfondir les textes de l’Ecriture pour doter la littérature roumaine de traductions, dont la langue pure, classique, d’une richesse autochtone, est un trésor de joyaux linguistiques. On se trouve un peu mal à l’aise, ' certes, de vouloir puiser dans une longue vie monacale, faite d’ascetisme et de réserve, de modestie et d’extase religieuse, de silence, de recueillement, d’abandon à Dieu et de prières, des arguments pour des éloges laïcs dont on orne un discours de réception à l’Académie ou le portrait d’un combattant qui a fait sa carrière dans l’arène bruyante de la vie publique. Le prof. Iorga, énumérant les qualités qu’on exige d’un chef de l’église, a écrit que celui-ci devait avoir une vie pure, qu’il devait être un homme cultivé( un connaisseur profond des choses religieuses. Or, toutes ces vertus peu communes se résument en une seule expression: „une vie de saint homme”, mais ne peuvent pas être spécifiées dans une longue série de phrases grandiloquentes. Ce grand vieillard qui, sur le seuil de sa 75-ème année, reçoit la crosse patriarcale, a passé une vie heureuse de saint, sans histoire, Il a été évêque et archevêque, ensuite supérieur au monastère de Neamtz où il s’est ingénié à faire revivre les vieilles traditions de la vie monacale, encourageant la littérature écclesiastique et l’art religieux. Lorsqu’en Janvier 1938, le siège métropolitain moldave devint vacant, c’est presque par un plébiscite que cet archevêque retiré au Monastère de Neamtz est indiqué à la succeession du métropolite Pimen. Aimé par le peuple, respecté par le clergé, le métropolite Nicodème sait admirablement infuser la TVTûfo d O VIO 1 AO A r» o en ln uuuo j-v-o twneo, io. ex usance dans les coeurs avec une parole inspirée et une main qui a toujours béni. Le pasteur que le peuple roumain s’est donné hier, a des dons spirituels, tels, que son être aurait été nécessairement associé à la notion biblique de Patriarche, même si la loi spéciale ne lui avait pas de droit, attribué ce titre. J. Fl. f