Acta Litteraria Academiae Scientiarum Hungaricae 18. (1976)

1976 / 3-4. szám - Sőtér István: Vörösmarty Mihály (1800–1855)

que nous devons les plus beaux vers de A merengôhôz (A celle qui rêve), l’image de l’oiseau qui revient se poser sur la branche verte, l’acceptation de la vie hongroise qui se dégage d’entre les lumières mortes et les châteaux de brumes. Mais, avant de passer en revue les conséquences de cette prise de con­science et de cet engagement, nous devons examiner tout ce qui les a précédés. C’est dans les années 1840 que Vörösmarty a accédé au sommet de sa poésie avec l’ode à Ferenc Liszt, encore plus dans Gondolatok a könyvtárban (Médita­tions dans une bibliothèque), cette méditation toute de dilemmes dont il faut chercher la solution. Le Szózat (Exhortation) — daté de 1836 — précède et an­nonce ces moments marquants, tandis qaeElőszó (Avant-propos) et A vén cigány (Le vieux Tzigane) — déjà des années 1850 — se maintiennent au niveau atteint et font entendre la plénitude quelque peu énigmatique et tourmentée des dernières pensées, de l’ultime message. Les chants de cygne des poètes ne sont-ils pas toujours des résumés les plus complets, les plus éloquents de leurs idées et, en même temps, ne laissent-ils pas comprendre qu’ils n’auront pas de suites? Si nous inspectons l’horizon du haut des sommets des années 1840, à partir du niveau idéologique et artistique de Méditations dans une bibliothèque, nous pouvons considérer la poésie de rêve du jeune Vörösmarty comme une étape qui commence avec le Zalán et qui prend fin, en quelque sorte, avec le Csongor et Tünde, c’est-à-dire aux environs de 1830. Elle est suivie de l’épa­nouissement passionné du romantisme, de l’adieu à la poésie épique dans Két szomszédvár (Les deux châteaux voisins), des tragédies: Vérnász (Noces de sang), Marót bán (Le ban Marót), Czillei és a Hunyadiak (Czillei et les Hunyadi), puis des traductions de Shakespeare; mais c’est aussi de cette période que datent les poèmes Szép Ilonka (La belle Ilonka), Exhortation, Az árvízi hajós (Le nautonier des eaux débordées), A Gutenberg-Albumba (Pour l’Album Gutenberg). L’opinion publique considère, avant tout, Vörösmarty comme le poète de Y Exhortation et celle-ci semble s’offrir comme le point culminant de sa carrière. Pourtant, ce morceau, tout important et d’audience nationale qu’il soit, serait plutôt l’ouverture que l’aboutissement de sa meilleure période. De Y Hymne de Kölcsey au Chant National de Petőfi, en passant par Y Exhor­tation, ces trois poèmes fournissent l’accord parfait de la voie menant des réformes à la révolution, font retentir l’âme d’une époque à laquelle les idées de nation et de progrès forment le plus cohéremment un tout. Nous avons accoutumé de compter l’époque des réformes, plux exacte­ment: les quelque vingt-cinq ans de l’ouverture de la révolution à partir de 1825, de la parution du Zalán et de la fondation de notre Académie des Sciences. Parfois, l’histoire unit la conservation et la rupture: la révolution de Petőfi rompt avec tout ce qui l’a précédée et maintient le meilleur de tout ce dont elle se détourne. En 1848, Petőfi se trouve opposé à Vörösmarty dans un débat Acta Litteraria Academiae Scientiarum Hungaricae 18,1976

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