Hajdú László kiállítása (Magyarországi Francia Intézet, Budapest, 1990)

« Ues villes dressées ont resplendi leurs façades tournées vers la mer, et elles baignaient leurs voûtes dans le reflet doré de la haute mer». ST JOHN PERSE Poète au destin étrange et à la double vie, St John Perse se présente en général comme un diplomate compassé en jaquette et smoking. Il a cependant construit une oeuvre poétique indépendante, sans laquelle la littérature européenne, qu'elle soit d'avant-garde ou ancienne, serait inachevée. Ce n'est donc pas par hasard que Laszlo Hajdú a peint une iconostase composée de 8 tableaux, véritable représentation visuelle de la pensée de St John Perse. Le peintre sait que les villes mythiques sont impressionnantes avec leurs pignons tournés vers la mer. Depuis 20 ans, Laszlo Hajdú peint des murs anciens, des mers et des tours sans que l'on sache s'ils ont existé et dans ce güs s'ils ont servi à quelque chose. Comme navigateur de l'Adriatique, Laszlo Hajdú a rencontré les vestiges de la culture méditerranéenne. Ces traces apparaissent dans sa peinture comme «expé­rience». Par ailleurs, il n'a jamais voulu peindre le paysage comme un spectacle mais plutôt reproduire sur la toile, et non représenter, l'atmosphère, les gestes, les situations et allégories culturelles des 2000 dernières années. Laszlo Hajdú a toujours eu une grande fascination pour la construction scientifique des tableaux tout en n'utilisant pas le langage et les formes de la pure géométrie même si la forme principale de certaines de ses oeuvres est précisément le carré. En effet, pour lui, le carré n'est pas la représentation stérile du plan comme chez Mondrian et Reinhardt, mais symbole de l'histoire culturelle. En cela, Hajdú est plus proche de Giacometti et Pollock. Les formes sont élancées précises, sortes de rochers aux surfaces riches en mauve, jaune et noir. Le geste devient plus important et plus lyrique dans les oeuvres plus récentes, même si on le remarque dès les années 70. Laszlo Hajdú s'efforce ainsi de créer la synthèse de la raison et de l'émotion, au sens de la philosophie de Héraclite. Selon celle-ci tout change avec le mouvement, le dynamisme des formes et les gestes forts du peintre bien que tout reste constant. La stabilité est exprimée par des pharos, idoles en forme de stèle placées dans l'espace infini ou dans plusieurs espaces et qui regardent le temps passé. Dans cette exposition, László Hajdú présente des oeuvres récentes manifestement plus fortes et plus picturales que celles de la période précédente même si elles y sont rattachées. Leur nouvelle orientation laissent présager de nouvelles possibilités. FERENC HANN

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