Acta Litteraria Academiae Scientiarum Hungaricae 18. (1976)

1976 / 3-4. szám - Sőtér István: Vörösmarty Mihály (1800–1855)

Acta Litteraria Academiae Scientiarum Hungaricae, Tomus 18 (3—4), pp. 237 — 246 (1976) Mihály Vörösmarty (1800-1855) Par István Sőtér (Budapest) L’époque dont Mihály Vörösmarty fut l’enfant, a été l’une des plus belles, l’une des plus prometteuses de l’histoire hongroise: celle dite des réformes le temps de Kossuth, de Széchenyi et de Eötvös, puis celui de Petőfi, du jeune Arany et de Jókai aussi dont les romans reviennent toujours à ces décennies, comme si tout ce que la nation a vécu après la capitulation de Világos, en 1849 et par suite du compromis, ne reflétait plus la véritable figure de la patrie, figure toujours resplendissante à partir de 1820 et jusqu’aux années de la révolution et de la guerre de liberté, puis brusquement plongée dans l’obscurité après le dernier éclat de celles-ci. C’est le drame de ce flam­boiement continu et croissant de notre histoire, puis de son éclipse que nous présente l’ensemble de la poésie de Vörösmarty — depuis les tableaux de bataille et les idylles héroïques de l’épopée Zalán futása (La fuite de Zalán) jusqu’à la vision finale de vie ou de mort, affrontée de pied ferme dans Szózat (Exhortation), jusqu’à cette somme de tragiques visions qu’est A vén cigány (Le vieux Tzigane). La poésie de Vörösmarty est une poésie de synthèse, c’est pour cela qu’elle a pu devenir l’expression de toute une nation: sans relâche, elle résume la foi et l’espérance, les commotions et les tragédies de ses contemporains. Celui qui amènera quelque chose de vraiment neuf, celui qui, au lieu de la synthèse, portera son choix sur la révolution, sera Petőfi — mais Petőfi non plus n’aurait pu s’élever au rang de grand poète sans Vörösmarty. Dans la vie comme dans l’art, la grandeur seule peut susciter ce qui la surpassera; le croupissement, les errances, l’insignifiance ne peuvent donner vie à rien de grand. Nous sommes mal avisés, si nous créons artificiellement, autour de ces figures titanesques de notre poésie que sont Sándor Petőfi, Endre Ady et Attila József, une sorte de désert d’histoire littéraire. Tous les trois se sont élevés du lot de grands contemporains, voire même que ceux-ci étaient leurs concurrents en grandeur: c’est parmi des géants qu’ils se sont affirmés des êtres suprêmes. La grandeur de Vörösmarty et de János Arany a contribué à celle de Petőfi; celle de Babits, de Kosztolányi, à celle de Ady; et celle de plusieurs générations environnantes a nourri Attila József. Nous Acta Liiteraria Academiae Scientiarum Hungaricae 18, 1976

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